Grosse déception hier chez un libraire. Je travaillais depuis quelques semaines - de temps à autres, pendant les instants de répis que laissent une vie professionnelle - sur le plan d’un roman à venir. Je tenais enfin mon sujet, l’histoire d’un jeune homme, fils d’une paysanne allemande et d’un français à la peau noir, soldat d’un bataillon d’Afrique cantonné en Allemagne après la victoire des alliés en 1918. Un métis, donc. Et un cheminement dans la vie que la couleur de sa peau puis l’arrivée des nazis au pouvoir, l‘holocauste et la seconde guerre mondiale allaient transformer en succession d’épreuves douloureuses et de tourments. La rédemption ne survenant que dans d’improbables retrouvailles au cœur de l’Afrique… Je l’avais appelé Wilfried. Il ne sera pas. Didier Daeninckx l’a appelé Ulrich. Et son histoire peut être lu dans son dernier roman « Galadio » que vient de publier Gallimard. Je suis déçu car je tenais là un sujet fort qui me parlait plus que tout autre.
J’avais trouvé cet aspect méconnu des conséquences de la Der des Der, dans un petit livre dont la forte concision laissait pantois et abattu « Une brève histoire du XXe siècle » aux Editions Allia d’un écrivain tchèque, Patrick Ourednik.
J’ai bien évidemment acheté « Galadio ». Je ne l’ai toutefois pas encore lu. Je sais que je ne serai pas déçu car Didier Daeninckx est un très grand écrivain, que je lis avec passion. Son talent me persuade que cette histoire aura trouvé bien meilleur chroniqueur. Finalement, ma déception devrait être qu’un feu de paille.