L'enfant qui savait tuer - Matt Whyman

Par Emmyne

Haut comme trois pommes, Sonny déteste qu'on l'appelle Shorty. A douze ans, il aime encore les sucettes et vit à Medellin, en Colombie. Une ville où les trafiquants de drogue font la loi et où les armes remplacent souvent les mots. Plus qu'un copain, Alberto est pour Sonny un véritable frère. Tous deux rêvent de fuir la misère et la rue. Quand Alberto se fait " embaucher " comme tueur à gages par un parrain de la drogue et finit par disparaître tragiquement, Sonny se retrouve seul, totalement perdu. Une seule voie s'impose à lui prendre la relève de son ami. Un revolver lui procurera le respect et la sécurité auxquels il aspire. Et de quoi vivre décemment. En toute innocence, Sonny signe ainsi sa perte. Mais a-t-il vraiment le choix ? L'histoire de Sonny témoigne d'une réalité que tout le monde devrait connaître. Un livre que l'on reçoit comme un coup de poing.

- Gallimard Jeunesse - Scripto -

Deux cents pages que l'on lit gorge sérré, l'angoisse et la terreur au ventre, révolté. Un livre choc, dur et dense. Une accusation, un réquisitoire impitoyable, pas un plaidoyer, plus effrayant et troublant que pathétique. 

Ce roman met en scène la tragique banalité de la misère et de la violence qui emporte les heures sacrées de l’enfance.

" La seule chose sûre, c’est qu’ici, la voix des armes couvre celle des hommes " 

Medellin, Colombie. Les favelas sur lesquels règnent les parrains, quand la drogue est un moyen de survie ordinaire. Là, dans ces zones populaires, sont recrutés des tueurs professionnels de douze ans parce qu'une loi interdit de condamner un mineur pour meurtre, parce qu'ils sont sans avenir mais rêvent encore, éblouis, aveuglés par la puissance que donnent l'arme et l'argent dans cet univers corrompu, parce que ils vont être drogués. Pour une poignée de dollars, ils assassinent froidement la cible désignée sans poser de question. Personne n’en pose sous la loi de l’omerta. Une poignée de billets verts froissés pour s’acheter des sucreries, des T-Shirt et des CD au marché noir, pour se faire croire qu'à douze ans, on peut sauver sa famille.

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" La musique, le fric, Jésus et le foot : il paraît que c’est ce qui fait tourner le monde."

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Livré par un jeune narrateur, le récit, cruel, interpelle. Il claque comme un coup de feu, blesse. Sans fioriture, et pourtant tellement humain, ce roman destiné aux adolescents use d'un style direct et brut, pour une écriture efficace qui se passe de description ou d’explication. Le roman d'un journaliste qui raconte les ouvriers des champs de pavots, l'exploitation, la guerre urbaine, la prostitution, les traffics et la mort. Sous le réalisme implacable, l’émotion seule éclaire la bouleversante odyssée de Sonny, celle de tant d'autres gamins des rues.

Choquant dans tous les sens du terme, ce roman laisse le goût amer de la détresse et de l'injustice.

       " Tout comme l’avait dit le boss, il fallait renoncer à tout espoir pour continuer d’avancer dans cette vie. "

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- Pas avant 14 ans - Un billet sur Lirado -

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