« La vie ne me fait pas peur » de Noémie Lvovsky
Au cinéma du Panthéon , jeudi 17 juin à 20 h 30 , en présence de l’équipe du film, à l’occasion de la sortie dvd le 30 juin dans la collection « 2 films de .. »
4 out of 5 stars
Dans la série des films ados, j’avais complètement oublié cet ovni de fin de siècle (1999) qui une décennie plus tard a conservé tout son allant, sa fraîcheur et sa raison d’être. Noémie Lvovsky la réalisatrice se consacre maintenant à son métier de comédienne et c’est un peu dommage car derrière la caméra elle est d’une folle originalité .
Récemment elle jouait magnifiquement pour « Les beaux gosses » de Riad Sattouf (dans ce blog) le rôle déterminant de la mère du héros, pubère et emprunté. Un regard qui dans ce même esprit ado, ne résistera pas me semble-t-il aussi bien que « La vie ne me fait pas peur ». Ce film champagne grand cru, demeure pétillant et vital, quand la vie vous prend à bras le corps et vous enlace jusqu’à l’ivresse.
Cette période de l’adolescence , un quarteron de copines l’aborde sans limite. Elles sont interprétées par Magalie Woch , Julie-Marie Parmentier , Camille Rousselet ,et Ingrid Molinier de jeunes comédiennes, parfaitement cadrées pour ces portraits de jeunes filles en fleur. Délurées,prêtes à tout pour vivre ce moment particulier qui de l’enfantillage amoureux, les conduit aux premiers émois, aux premières difficultés.
C’est l’inconscience tranquille, drôle et maladroite, les regards biaisés, sous-entendus, des jeux qui n’ont pas de règles, des tourments en surface. Une joie sauvage et gloutonne.Ca parait superficiel, mais le temps n’a pas de prise sur cette poussée de sève, qui sans crier gare va laisser la vie imposer sa marque de fabrique, magnifiquement mise en valeur dans la répétition d’une pièce de théâtre, où l’héroïne est chahutée par un metteur en scène pervers et des collègues sans pitié. Où est le jeu, la vérité ?
Lvovsky se pose à peine dans ce décor désenchanté, que sa caméra est déjà ailleurs, dans un sens et puis dans un autre, toujours aussi vivifiante, rapide, croquante à plein objectif cette séduction de tous les instants, que les parents effleurent de leur incompréhension. Au pire ils sont absents, au mieux totalement dépassés par les événements et dans le rôle du père compatissant Luis Rego fait belle figure. Je repense alors encore au film de Riad Sattouf, où l’encadrement des adultes est du même topo, lourdingue et pathétique.
La réalisatrice et Luis Rego se sont retrouvés pour jouer dans " Copacabana" de Marc Fitoussi qui sort le 7 juillet.
L’apparition fugace de Emmanuelle Devos en prof libérée ou celle de Eric Elmosnino, qui devra attendre dix ans pour connaître la révélation dans la peau de Gainsbourg (voir ce blog) donne aussi le ton de la comédie à cet univers qui évacue toute nostalgie, dans un kaléidoscope d’images sans âge.
Une boum, un flirt, les vacances en stop (Jean-Patrick Capdevielle chante le désert ) , le grimper de corde qui fait rire les copines, le bac « que l’on aura de toute façon », la révolte ( tendance Nina Hagen ) c’est la légère gravité des ados que la réalisatrice saisit à chaque instant, sur chaque plan de cette jeunesse que pendant près de deux heures on aura vu grandir, normalement. Comme tous les ados, ou presque.Ce dvd sort dans la collection » 2 films de … » . Un coffret complété par « Oublie moi » le premier film de Noémie Lvovsky, réalisé en 1994 . Il raconte l’histoire d’une jeune femme qui refuse la fin d’une relation amoureuse. Valeria Bruni Tedeschi qui figure aussi dans » La vie ne me fait pas peur » interprète ce rôle au côté de Emmanuelle Devos, Emmanuel Salinger , Philippe Torreton.