Dans certains cas, comme aux Etats-Unis, il s’agit d’un rattrapage par rapport à une très creuse année 2009. Dans d’autres, comme en Chine ou en Inde, c’est de la pure croissance. Mais, au total, la production mondiale va progresser d’au moins 30 % au premier semestre.
Oubliées les périodes de chômage partiel et les incertitudes sur les stocks de voitures invendues : dans toutes les grandes régions de production, les usines automobiles - du moins celles qui n’ont pas été rayées de la carte -ont retrouvé des taux de croissance à deux chiffres depuis le début de l’année.
Au niveau mondial, le premier semestre 2010 s’achèvera dans quelques jours sur un bond de 30 % des fabrications automobiles comparé à la même période de l’an dernier, selon un équipementier auto qui travaille à partir des données fournies par le cabinet spécialisé JD Power.
L’un de ses concurrents, le cabinet CSM Worldwide, extrapole même un bond de 36 % sur la période, tablant sur la fabrication planétaire de 34,4 millions de véhicules lors des six premiers mois de l’année (voitures particulières et utilitaires légers). Ces tendances étayent la récente prévision de Carlos Ghosn, le patron de Renault et de Nissan, qui parie sur un nouveau record pour l’industrie automobile mondiale dès cette année, avec un total de 70 millions de véhicules produits, contre seulement 57 millions l’an dernier.
Au premier semestre, la production grimpe clairement dans toutes les zones, avec des hausses de 19,6 % pour l’Europe de l’Ouest, 44,3 % pour la Chine, 15,6 % pour l’Amérique latine, 40,6 % pour le Japon, d’après CSM Worldwide. Et même 69,6 % pour l’Amérique du Nord, qui était tombée particulièrement bas avec le déclenchement de la crise économique et financière.
Ventes record en Chine
Mais ces volumes ronflants reflètent deux types de situation très différentes. Dans le premier cas, l’embardée tient surtout de l’effet d’optique : il s’agit d’un rattrapage par rapport à un calamiteux premier trimestre 2009, qui avait vu nombre de lignes de production brutalement stoppées. C’est typiquement le cas des Etats-Unis, du Japon et, à un degré moindre, de l’Europe occidentale, où les marchés automobiles restent encore particulièrement incertains.
Sur le continent européen, tous les constructeurs croisent les doigts pour que la baisse des ventes totales ne dépasse pas 9 % ou 10 % sur l’ensemble de cette année. Et, aux Etats-Unis, les acteurs comme GM et Chrysler ont dû fermer définitivement certaines de leurs usines, pour s’adapter à un marché qui risque de rester durablement compris entre 10 et 11 millions de livraisons par an, bien loin des 16 millions d’unités enregistrées lors de la décennie précédente.
Dans d’autres pays en revanche, les hausses de production reflètent de la croissance pure. C’est le cas de la Chine, qui a vu ses fabrications locales exploser de 75 % au premier trimestre, puis de 10 % au deuxième. Ou encore de l’Inde, où les mêmes périodes ont été bouclées sur des croissances de 40 %, puis de 26 %. Les ventes de voitures neuves et d’utilitaires en Chine battent chaque mois de nouveaux records, obligent les constructeurs à construire sans cesse de nouvelles usines pour s’efforcer de suivre le mouvement.
Du coup, l’ex-empire du Milieu a produit sur les six premiers mois, presque entièrement pour ses besoins intérieurs, quelque 6,9 millions de véhicules. Soit 1 million d’unités de plus que la « grande » Amérique du Nord, Canada et Mexique inclus.
Au vu des tendances actuelles, cette hiérarchie n’est pas près de s’inverser. Et la course aux volumes n’est pas antinomique avec les profits. Ainsi, Carlos Ghosn indiquait que la Chine était devenue la zone la plus rentable pour Nissan. Pas de chance pour Renault, plus que jamais absent de ce marché crucial.
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