A propos de The world is big de Stephan Komandarev
A la suite d’un accident de voiture, Alexandre, un jeune Allemand d’origine bulgare, perd ses parents et la mémoire. Son grand-père, venu à son chevet de Bulgarie, décide de l’embarquer avec lui sur la route, jusqu’au village bulgare où Alexandre a passé son enfance. Pour l’aider à retrouver la mémoire…
Adapté du roman éponyme de l’écrivain bulgare Ilija Trojanov, The world is big raconte la saga d’une famille bulgare depuis son exil forcé en Italie puis en Allemagne dans les années 1980 pour fuir le régime de Todor Jivkov (1911-1998), jusqu’à cet accident tragique survenu en 2007. Et c’est ce qui est le plus pertinemment décrit dans le film, la proximité du régime politique bulgare avec Moscou, au début des années 1980, comment l’Etat traqua ses concitoyens jusqu’à leur rendre la vie impossible.
Mais à côté de ses allers retours incessants entre l’enfance d’Alexandre en Bulgarie et ses retrouvailles avec son grand-père qui le force à venir avec lui en Bulgarie en vélo, The world is big souffre de son trop grand sentimentalisme, voire d’une certaine mièvrerie. Les compositions de Stefan Valdobrev renforcent la distension des liens du film, qui devient peu à peu ennuyeux. Qu’est-ce qui fait que l’on suit avec si peu d’intérêt cette saga familiale pourtant alléchante sur le papier ? Qu’est-ce qui explique que l’on se sente aussi détaché ?
C’est peut-être que la manière trop édulcorée de raconter l’histoire d’Alexandre (trop nombreux flashs back entre son enfance et aujourd’hui) qui empêche de s’identifier ou de goûter à l’innocence intrinsèque du personnage. Il y avait pourtant une belle histoire et un récit intimiste à raconter autour de cette rencontre entre un vieux Bulgare et son petit-fils disparu depuis vingt cinq ans.
Mais la maladresse, la balourdise de la mise en scène assèchent l’histoire et empêchent son lyrisme de s’épanouir. The world is big aurait pu être un conte philosophique contemporain. Mais la réalisation asphyxie ses velléités.
A la différence de son fils, Bai Dan, grand-père d’Alexandre et ancien trublion du régime bulgare (il a fait quinze ans de prison pour avoir dynamité une statue de Staline), est resté au pays. Cet ancien champion cycliste, grand spécialiste de backgammon auquel il s’est toujours adonné, a développé une philosophie de vie qui tient dans cet adage : « Le monde est grand et le salut nous guette de partout ».
Dommage que la relation avec son petit-fils, trentenaire un peu paumé et en quête de racines, ne soit pas davantage développée et traitée en profondeur. Avec plus de tension. Il y avait mieux et en tout cas plus personnel à faire comme portrait d’une famille d’intellectuels bulgares devenus dissidents sous l’ère communiste…