Un homme seul (Roberto Juarroz)

Par Arbrealettres


Un homme seul,
dans une chambre fermée,
lève le bras dans un geste d’adieu.

Un autre homme seul,
Sur un chemin désert,
lève son bras dans le même mouvement.

Un soupçon presque impossible
relie les deux gestes:
la blessure de prendre congé
finit de s’ouvrir
quand il n’y a rien ni personne
de qui prendre congé.

Et ces gestes deviennent
la clé de l’homme:
être un pur congé.

(Roberto Juarroz)