Emili Rosales écrit un roman à deux voix. La première est celle du héros, Emili Rossell. La seconde est celle d'un architecte, Andrea Rosseli dans son Mémorial de la ville invisible que nous découvrons à la suite du narrateur, Emili.
Enfant, Emili jouait dans les ruines de ce que les anciens appelaient la ville invisible mais avait complétement oublié ce lieu suite à ses années de pension. C'est l'envoi mystérieux du Mémorial qui réactive ses souvenirs.
Désormais galeriste, Emili évolue dans une société barcelonaise aisée et people avec son ami Armand, devenu politicien et son ex, Sofia. Nous vivons avec Emili les magouilles et les mensonges de ce cercle. Et bien sûr, ses interrogations sur sa lecture et ses problèmes sentimentaux.
Andrea Rosseli retrace quant à lui sa formation d'architecte et ses commandes dans l'Espagne de Charles III. Il rencontre Tiepolo (qui est au cœur de notre roman) et tombe sous le charme d'une femme inaccessible. Il voyage jusqu'en Russie, met au point le plan d'une ville... La ville invisible.
Ce roman est une superbe fresque entre présent et passé. L'architecte et le galeriste communiquent malgré leur écart de quelques siècles et se ressemblent parfois. Il y a une intrigue, des caractères variés, deux tons adoptés et des endroits qui font rêver. Une très belle plume et une lecture que je recommande (chez Babel, que j'admire encore une fois pour ces choix éditoriaux).