A la croisée des mondes : la boussole d'or

Par Rob Gordon
Contrairement aux Petits Écoliers, À la croisée des mondes, ce n'est pas pour les enfants. Les marmots n'entraveront que dalle à ces histoires trop compliquées pour eux, et entre deux images d'animaux amusants, ils risquent surtout d'avoir les chocottes. Mieux vaut les emmener voir Il était une fois ou Lucky Luke (heu, non, pas Lucky Luke).
Ceci étant dit, À la croisée du monde, est-ce vraiment pour les grands ? Pas vraiment non plus. Parce que quand même, c'est très tarte, tout ça. En fait, le film de Chris Weitz touchera surtout cette génération d'adultes complètement attardés qui se passent en boucle la trilogie Seigneur des anneaux version longue et ont lu cinq fois Le monde de Narnia. Par moments, on se joindrait presque à eux, tant La boussole d'or est un spectacle charmant, bien exécuté, bourré de petits moments assez délicieux. Les passages avec les ours blancs, notamment, sont assez impressionnants pour faire retomber n'importe qui en enfance. Il n'y a cependant pas de quoi grimper aux rideaux : la mise en scène de Weitz est désespérément classique, montrant ce qu'il y a à montrer sans une poussière d'originalité, et le scénario court trop de lièvres à la fois pour fasciner les néophytes. C'est bien joli de construire le premier film d'une saga sur des questions, mais encore faut-il qu'elles soient bien posées. Résultat : qu'est-ce que c'est que la Poussière, comment qu'on fait pour sauver le Monde, combien la Kidman a-t-elle de parapluies dans le derrière, tout ça, on s'en cogne.
Cependant, au petit jeu des comparaisons, le film de Weitz tire allègrement son épingle du jeu. Avec un peu de mauvais esprit, on pourrait dire que ce n'est pas très compliqué, tant les productions d'heroic fantasy qu'on nous sert à chaque Noël sont habituellement médiocres. Eragon et Narnia sont K.O. au premier round, et le box-office des prochains mois de décembre ne devrait pas s'y tromper. Reste qu'À la croisée des mondes mérite d'être salué, de par la sincérité qui s'en dégage malgré le poids des billets verts. Et ce n'est pas tous les jours qu'on trouve dans ce genre de film une jeune actrice à qui on n'a pas envie de péter les genoux au bout d'un quart d'heure. C'est déjà beaucoup.
5/10