Une carte, c'est une miniature si grande, qu'elle donne les moyens de découvrir le monde.
Erik Orsenna s'est amusé dans ce livre, il réjouira les amateurs de son style !
Erik Orsenna est habitué à promener son lecteur dans les méandres de la grammaire, la faisant poésie et amicale ; dans des ballades au pays du coton, ou sur les rivages de l'eau dans le monde ; ses livres sont autant de romances invitant au voyage… Ce dernier ouvrage ne déroge pas à cette règle, sauf que l'auteur nous emmène dans sa suite pour nous pénétrer de son style.
L'entreprise des Indes du seigneur Colomb est certes mille fois décrite dans la littérature, aussi nous parle-t-il du frère Colomb ; Bartolomé Colomb, qui l'accompagnât dans son périple…
On y voit un envers des fresques connues, une autre approche durant laquelle Erik Orsenna joue avec son sens des mots pour le plus grand ravissement des amateurs du genre, dont je suis. Il n'omet pas, cependant, de nous prodiguer une grande leçon de cartographie. La carte, c'est un univers entier, aussi vaste que peut l'être l'univers, contenant autant de richesse et de diversité, en le réduisant pour mieux le découvrir. Une carte, c'est une miniature si grande, qu'elle donne les moyens de découvrir le monde.
Présentation de l'éditeur
« Le 13 août 1496, au large du Portugal, le bateau que commande Christophe Colomb fait naufrage.
Le futur amiral vient d avoir vingt-cinq ans. Par miracle, il réussit à regagner la côte et trouve refuge à Lisbonne auprès de son frère cadet, Bartolomé. Lequel exerce la profession de cartographe.
Depuis le début de ce xve siècle, le monde s ouvre. Et le Portugal est le moteur principal de cette ouverture. La Renaissance commence par des expéditions lointaines. Sous l impulsion d Henri le navigateur, des caravelles partent chaque mois pour aller explorer les côtes de l Afrique. À Lisbonne, capitale du savoir, se retrouvent toutes les corporations de la découverte : mathématiciens savants du ciel, cosmographes, géographes, constructeurs de bateaux et des outils de navigation... cartographes.
Huit années durant, les deux frères vont travailler ensemble et préparer le voyage auquel Christophe songe depuis l adolescence : c est l Entreprise des Indes, gagner Cipango (le Japon) et l empire du Grand Khan (la Chine). Mais au lieu de la route habituelle, celle de la soie, vers l est, on affrontera l océan, plein ouest.
En 1484, leur projet sera rejeté par le Comité des Sages qui conseille le Roi Jean II. C est la raison pour laquelle Christophe ira tenter sa chance auprès des monarques espagnols, Isabelle et Ferdinand.
Un maître cartographe, un rhinocéros, un fabricant de veuves, une maîtresse d école pour les oiseaux, une bécassine, une prostituée réputée principalement pour la qualité de ses oreilles, Marco Polo, quelques Dominicains, des chiens dévoreurs d Indiens, tels sont quelques-uns des personnages secondaires de ce récit.
J ai voulu m attacher à cette période peu connue de l histoire de la curiosité humaine. Ce moment où naît une nouvelle liberté en même temps que se développe l Inquisition et que les Juifs sont chassés. Ces années où se conçoit peu à peu l unité de la planète, préalable à la première mondialisation, qui ne va plus tarder.
Pour ce faire, j ai osé donner la parole au jeune frère, Bartolomé. C est lui qui parle, c est lui qui raconte : il est complice, et premier témoin de l Entreprise depuis ses tout débuts. C est aussi lui qui s interroge : pourquoi, et comment, cette belle passion de la Découverte s est-elle changée en génocide des Indiens ? À quoi sert de découvrir si l on tue ce et ceux que l on découvre ? »
Biographie de l'auteur
Erik Orsenna, de l'Académie française, a obtenu le prix Goncourt pour L'Exposition coloniale (Seuil, 1988). Il est l'auteur de Longtemps (Fayard, 1998), Madame Bâ (Stock/Fayard, 2003) et plus récemment de Voyage au pays du coton (Fayard, 2006), la Chanson de Charles Quint (Stock, 2008), l'avenir de l'eau (Fayard, 2008) et de Et si on dansait ? (Stock, 2009), dernier volume de sa série consacrée à la grammaire.