Pour les non boursicoteurs, la liquidité c’est la facilité avec laquelle un actif financier peut être converti en liquide, autrement dit vendu (contre de l’argent ou d’autres actions). Cette liquidité c’est selon les terme de Paul Krugman dans le NYT, c’est le lubrifiant des marchés.
C’est aussi et surtout ce magnifique articfice qui légitime la phrase péremptoire que vous entendez tout le temps “On y peut rien, le capital est ultra mobile, et donc on peut pas le taxer, sinon il s’en va”.
Pour rester dans la sémantique des lubrifiants, on peut affirmer sans crainte et sans honte que la liquidité c’est la vaseline du marché pour entuber les autres, tous les autres, Etats comme salariés.
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Vous aurez reconnu le célèbre adage populo-traderisque TINA , there is no alternative derrière ce qui semble être une évidence, et qui oh découverte, n’en est pas une.
L’entreprise de Tapiocatisation des cerveaux va bon train ces derniers temps et ne cesse d’utiliser la même arme un peu désuète, la répétition. Car qui aujourd’hui à pu rester sourd à cette affirmation pleine de bon sens “le capital est mobile”? A moins de vivre sur Mars ou en bobo parisien, personne.
On imagine aisément Laurence Parisot brandissant un crucifix banco-financier sur lequel est inscrit “Capito mobilus est”1 pour éloigner les tenants de la tax-tobin ou des impôts-qui-font-rien-que-de-faire-fuir-les-zentils-zinvestisseurs-zinstitutionnels.
La question qui demeure est toutefois celle de savoir si le principe de la liquidité est imanent au marché ou si elle n’est finalement qu’un élément comportemental qui fait désormais convention.
Selon les plus ardents défenseurs du libéralisme à la mode du XXIème siècle, la liquidité serait une des caractéristiques du marché, l’élément par lequel ceux qui investissent se prémunisent contre le risque.
Le risque c’est la probabilité de réalisation d’un évenement dans un environnement incertain (selon Keynes). Un risque que les investisseurs ont traditionnellement assumé et qui explique les grosses rémunérations qu’ils tirent du processus productif, notamment le versement de dividendes.
Car il faut le savoir, les salariés eux sont assez adverses au risque, c’est pourquoi ils ont accepté d’avoir des revenus écrêtés lorsque l’entreprise va trés bien, pour ne pas subir les baisses quand l’entreprise va moins bien. Cela évidemment dans un monde idéal où les salariés ne sont pas évincés de la réussite et variable d’ajustement en cas de crise. Toute ressemblance avec une situation actuelle est purement fortuite voulue.
Un risque donc que les entrepreneurs vont diluer dans des produits financiers, la société des financeurs supportant le risque afin que chacun n’en supporte pas un très gros. Une tactique qui marche avec plus ou moins de bonheur si l’on en juge d’après les péripétie des subprimes…
Donc les investisseurs auraient un jour troqué le pouvoir de contrôle sur les entreprises contre la liquidité. Oui on est OK pour ne pas donner d’ordre mais on veut dans ce cas là pouvoir partir quand on veut. La liquidité n’est donc pas une donnée immuable mais bien une pratique volontaire des principaux acteurs.
A quoi bon alors la faire passer pour une caractéristique intrinsèque? Ah mais mon bon monsieur c’est pour avoir le cul de la fermière après le beurre et l’argent du beurre!
Et oui car si dans des temps immémoriaux, les investisseurs étaient de grands solitaires, aujourd’hui ils se regroupent dans des catalysateurs d’épargne, les fameux fonds d’investissements. Je laisse de côté les business riskers qui interviennent dans les entreprises non côtées et dont le mécanisme est très bien évoqué par Libéral, désormais contributeurs chez Koz . Moi je reste chez les boursicoteux.
La liquidité n’est plus la contrepartie de l’abandon du pouvoir, elle en est la récupération. Trop esseulé l’investisseur avait dû choisir, ensemble il prend les deux. Non seulement le capital est liquide mais en plus cette liquidité est devenue l’arme par laquelle la pression est mise sur les entreprises2 pour obtenir des rendements ou retours sur investissement qui flirtent désormais avec les 20%.
La pratique montre cependant que cette attitude n’est pas incontournable puisque de nombreuses entreprises arrivent à conserver un capital relativement stable. En général il s’agit des formes coopératives et des entreprises familiales.
La “lutte” contre la liquidité se révèle non seulement l’un des facteurs de stabilisation du marché mais aussi comme une véritable politique macro-économique. En pleine crise asiatique il y a plus de dix ans, le seul pays ayant a peu près tenu le choc, le Vietnam, avait adopté une politique restrictive de change. Autrement dit il avait diminué la liquidité des actifs investis sur le marché Vietnamien pour se prémunir des variations hallucinantes qui ont provoqué l’effondrement des places boursières asiatiques.
Non seulement la liquidité n’est pas imanente au système mais elle en met bien souvent la pérénité en danger. Encore une fois peu importe puisque le risque est dilué, enfin pour ceux qui ne servent pas de variables d’ajustement. Pour les autres…
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- traduction de merde qui ne veut pas dire que la tête est mobile bien que la révolution ait prouvé le contraire [Retour]
- qui, rappellons le, sont celles qui créé de la valeur [Retour]