Parler de littérature américaine, c’est s’affronter un héritage culturel important et profondément riche.
Ce mois-ci, nous avons donné la parole à des écrivains américains. S’ils ne font pas partie d’une nouvelle vague US, ils sont au moins les artisans d’une littérature américaine qui n’en finit pas de proposer, de faire découvrir, d’oser et de faire partager. J’ai longuement discuté avec la plupart d’entre eux et ce qui m’a frappé, c’est cette irrésistible diversité d’histoires, de cultures et d’intimités romanesques. Ils sont tous rappelés à quelque chose : un lieu, une époque, une histoire ou bien encore une origine.
Nikolai Grozni, Wells Tower, Eddy L. Harris ou encore Lisa See n’ont pas hésité à évoquer leur écriture respective en nous donnant les clés de leur littérature. Chacun à leur manière, ils nous proposent une Amérique, leur Amérique. Ce tour d’horizon culturel outre-atlantique laisse penser que la littérature américaine regorge d’une multitude de littératures où n’importe quel lecteur peut trouver son plaisir de lire.
L’Amérique, terre d’apprentissage
J’ai plongé, pour ma part, dans ces textes très jeune. J’ai dévoré Jack Kerouac, John Fante, Paul Auster, Tom Wolfe, Charles Bukowski, Richard Brautigan, Don DeLillo, Jim Harrison, Joyce Carol Oates. Philip Roth, William Burroughs, Brest Easton Ellis et bien d’autres. J’y ai trouvé une écriture si puissante, si noble et si entraînante que je suis parti me rendre compte des choses mirobolantes qui se passaient là-bas. J’ai vadrouillé d’Ouest en Est pour suivre à la trace les mots américains qui résonnaient en moi en autant de rêves et d’espoirs. De Los Angeles à Miami, passant par Boston et New York, j’ai trouvé à chaque coin de ce pays une source d’inspiration, des images, le début d’une histoire, l’appel de l’Amour, des grands espaces et la figure d’un écrivain.
C’est au coeur des USA que j’ai compris à 17 ans ce que voulait dire Jack Kerouac lorsqu’il écrit « Quelque part sur le chemin je savais qu’il y aurait des filles, des visions, tout, quoi ; quelque part sur le chemin on me tendrait la perle rare. » (Sur la Route - Editions Gallimard) C’est là-bas que j’ai contracté le virus de l’écriture, là-bas encore que je me suis senti ailleurs et sans repère. Los Angeles m’a happé dans son immensité urbaine. C’est à New York que j’ai appréhendé la fureur d’une Ville Monde. C’est à Ellis Island que je me suis senti déraciné et dans les faubourgs de Saint-Louis que j’ai fait l’expérience de l’exotisme. Je me suis senti à la fois voyageur, enfant, clochard céleste, écrivain et bien souvent amoureux. J’ai éprouvé pendant tout ce temps une quantité si impressionnante de sensations, d’émotions, d’admirations que je me suis ouvert à l’existence toute entière.
L’Amérique m’a poussé à grandir, à voir, à apprécier, à écrire et à rêver. Voilà mon Amérique. Car son expérience ne peut être que personnelle, presque intime tant elle touche au plus profond de soi.
Car l’Amérique fascine, émeut, émerveille, rebute parfois mais promet à chacun qui s’y intéresse un horizon infini de surprises, de découvertes et d’histoires. Pour prolonger l’expérience, ce «Spécial USA» vous propose une série de chroniques et d’interviews sur des personnalités culturelles passionnantes, alternatives et surtout américaines. Vous découvrirez par exemple l’un des enfants terribles du rock US, Dan Sartain dans une interview étonnante sur sa musique et le regard qu’il porte sur l’évolution actuelle du rock.
Pour finir, nous avons l’honneur ce mois-ci de recevoir Jérôme Garcin dans la Grande Interview. Il nous accorde un long et passionnant entretien sur son écriture, sa passion des chevaux et son idée d’une littérature «juste».