Idlewild, quatre ans déjà. Depuis cet album/film, peu de nouvelles de OutKast. Le groupe n’a jamais officialisé une quelconque rupture augmentant donc l’espoir des fans de voir les deux larrons aux tenues dignes d’un « Alice aux Pays des Merveilles » version Burton revenir. Pendant ces quatre ans, ils se sont tenus en forme en venant souiller quelques instrus et s’exercer au métier d’acteur avec plus ou moins de réussite. Le premier à revenir de cette fausse parenthèse, est Big Boi.
En vérité cela fait plus de deux ans que son retour en solo est dans les cartons. On peut même dire qu’il y en pensait déjà en 2004, au lendemain du succès triomphal du double-album de OutKast The Love Below vs Speakerboxx. C’est à ce moment là alors qu’il est studio qu’il apprend la mort de son père. C’est décidé le titre de son solo sera clair comme de l’eau de roche : Sir Luscious Left Foot : The Son of Chico Dusty. Sir Luscious Left Foot est le surnom funky de Big Boi, Chico Dusty est le surnom glané par son père durant son service dans l’Air Force. Alors qu’il travaille tranquillement sur son opus, des premiers extraits filtrent en 2008. « Royal Flush » avec Raekwon et Andre 3000 ravit les fans. « Something’s gotta give » avec Mary J Blige est programmé comme premier single. Pourtant rien ne sort. Jive le label sur lequel est signé Big Boi, ainsi que OutKast, souhaite un album beaucoup plus ouvert à un public large. Après un an de controverse, Big Boi quitte le label pour rejoindre Def Jam et L.A. Reid qui avait été le premier a signé OutKast en 1996. Le groupe lui reste toujours signé sur Jive qui bloque certains morceaux que Big Boi veut rapatrier sur son solo. C’est le cas du morceau « Lookin’ 4 Ya » avec Andre 3000 et Sleepy Brown. C’est simple sur Sir Luscious Left Foot : The Son of Chico Dusty vous ne trouverez pas de titres où l’entité OutKast est reformée étant donné que l’album sort sur un autre label que Jive.
Malgré de nombreux reports, l’album de Big Boi sortira le 6 juin prochain. Il est donc venu mi-mai à Paris pour nous faire écouter le fruit de ces années de labeur. Bien enfoncé dans son fauteuil Voltaire, ce fils spirituel de George Clinton, passe le temps de l'écoute à se casser le cou, le regard toujours fixé sur l’allée qui sépare les rangées de chaises où nous sommes assis. L’intro donne le ton avec son piano si caractéristique du son outkastien, un vocoder bien crado sorti de l’âge d’or du G-Funk pour enchaîner sur le deuxième titre et son ambiance importée des mariachis mexicains. D’ores et déjà on sent le joyeux bordel organisé. Un flow rapide pour Big Boi, un refrain à la voix féminine, des instruments nouveaux qui déboulent à n’importe quel moment du morceau, c’est sûr c’est bien un membre de OutKast et de la Dungeon Family qu’on écoute. Même type de formule pour « Follow Us » en feat avec Vonnegutt et sa voix qui rappelle Patrick Stump. Un rythme enlevé, un flow aussi, des bribes de sonorités électroniques, que demander de plus ?
Piste 5, voici la bombe. « Shutterbug », premier single, hommage voilé au mélange Hip-Hop/Funk du début produit par Scott Storch qui fait ici un coup de génie. Big Boi en mode haut niveau et on a le hit de ce prochain été. C’est chaud et frais en même temps et c’est plus qu’efficace, rien à dire, tout à apprécier. Lui succède « General Patton » qui fait dans le dirty south chaotique avec son sample de chœur d’opéra. « Tangerine » est une des rares chansons à avoir fait le voyage de Jive à Def Jam. Sur son beat de percussions accélérées, Big Boi invite T.I. a posé sur des couches de samples qu’on croirait sorties d’un western. Yelawolf s’impose lui sur le morceau suivant produit par Andre 3000, qui a construit un beat basé sur des boucles qui reprennent des bruits semblables à de la vaisselle qui s’entrechoque. L’ambiance s’assombrit mais le niveau augmente encore d’un ton.
On passe à des teintes plus R&B avec « Hustle Blood » featuring Jamie Foxx, sur une production marquée du sceau de Lil Jon. Attention on garde la base de claviers funky/électroniques et de guitare électrique. Janelle Monaé embarque sur un morceau plus Soul. Puis c’est le tour de l’autre tuerie de l’album « Fo Yo Sorrows », morceau décousu par Organized Noize. Changements de rythme, lent, rapide, claviers g-funk, interventions de George Clinton et Too $hort. L’idéal pour ridé ou juste se mettre bien chez soi. On termine tranquille sur trois morceaux dont « Shine Blockas » avec Gucci Mane, un beat mid-tempo dominé par une trompette dont le son et la rapidité des notes rappellent le Jazz des années 30. L’album se termine sur « Back Up Plan » surement le son le moins bon de l’ensemble.
Constat, l’album est une grosse claque, et pour ceux qui en doute, le son OutKast s’est mis à jour du nouveau rap game dans lequel il va devoir évoluer. Certes quelques puristes pourront toujours être déçus mais Sir Luscious Left Foot : The Son of Chico Dusty devrait être un des albums de cet été !
Big Boi continuera ensuite d’aider Andre 3000 à la confection de son album solo, puis les deux collègues qui se sont rencontrés sur les bancs du lycée reviendront en 2011 pour un nouvel album d’OutKast en espérant que leurs embrouilles avec leur label soient réglées.
TRACKLIST :
1. Feel Me (Intro)
2. Daddy Fat Sax
3. Turns Me On f. Sleepy Brown & Joi
4. Follow Us f. Vonnegutt
5. Shutterbugg f. Cutty
6. General Patton
7. Tangerine f. T.I. & Khujo Goodie
8. You Ain’t No DJ f. Yelawolf
9. Hustle Blood f. Jamie Foxx
10. Be Still f. Janelle Monáe
11. Fo Yo Sorrows f. George Clinton, Too $hort & Sam Chris
12. Night Night f. B.o.B & Joi
13. Shine Blockas f. Gucci Mane
14. The Train Pt. 2 (Sir Lucious Left Foot Saves The Day) f. Sam Chris
15. Back Up Plan
Adrien aka Big Ad