A la fin du mois d'août seront présents au festival Rock en Seine, à Saint-Cloud, des revenants. On ne compte plus le nombre de groupes à ressortir ainsi du placard, mais il faut avouer que c'est souvent une occasion agréable pour remettre de vieux classiques dans le tiroir à CD de la chaîne hi-fi, surtout lorsqu'il s'agit de formations aussi cultes que Roxy Music. Je n'attends pourtant pas spécialement la prestation de Bryan Ferry et ses ex-acolytes, - d'ailleurs, je ne pense même pas y assister de peur d'être franchement déçu - mais réécouter ce disque, leur premier surtout, est encore et toujours un plaisir.
Les fans et les autres auront sans doute beau arguer que leur meilleur, c'est le suivant "For Your Pleasure", celui avec Amanda Lear sur la pochette, c'est pourtant bien "Roxy Music" mon préféré, et de loin. Parce qu'il était plus brouillon, plus instinctif, moins réfléchi et qu'il contenait aussi un des plus grands singles de cette période glam-rock "Virginia Plain". Roxy Music et Ferry n'étaient pas encore sûrs de leur talent et expérimentaient à tout-va, mélangeant allégrement les genres : de la pop à la soul en passant par le jazz , le rock progressif, voire même un certain esprit punk dans le fait de balancer la sauce de la sorte et de faire partir ainsi les influences dans tous les sens. Un disque sexy en diable.
Brian Eno est alors aux commandes aux claviers, et même s'il n'est pas mentionné directement parmi les compositeurs, il est indéniable au vu de sa future discographie solo que le bonhomme a eu une influence au niveau du son du disque. La suite de la carrière de Roxy Music sera après le départ d'Eno moins intéressante, plus facile, plus commerciale, tendant régulièrement vers le kitsch et le mauvais goût, un peu à l'image de ces femmes posant sur les pochettes de leurs disques.
Ferry, à la carrière en dents de scie, alternera aussi en solo, le bon et surtout le moins bon, et gâchera souvent sa formidable voix dans quelques balades sirupeuses du plus mauvais effet. Mais pour un crooner, quel qu'il soit, surtout quand il n'est pas bien entouré, ce n'est pas toujours évident d'éviter de tomber dans l'auto-parodie. "Bitters end", le dernier morceau de "Roxy Music" est à ce titre, l'exemple éclatant d'une chanson toujours à la limite de l'excès de guimauve mais qui ne tombe jamais dans le ridicule, malgré les choeurs tendance "choubidou". C'est une des raisons pour lesquelles ce disque passe pour moi aussi bien l'épreuve du temps et demeure un classique incontournable. Preuve est faite que l'excentricité et la fantaisie - visibles ici jusque dans les tenues du groupe - peuvent aussi aboutir à des oeuvres intemporelles.
"Ladytron" :
"Virginia Plain" :