La France doit réduire de 100 milliards d’euros son déficit public d’ici 2013 afin de respecter les critères de convergence du Traité de Maastricht (notamment, un déficit public n’excédant pas 3 % du produit intérieur brut, au lieu de 8 % aujourd’hui).
Pour ce faire, le Premier ministre François Fillon, tel le roi Salomon, prévoit de couper les 100 milliards en deux : la moitié sera obtenue par la baisse des dépenses publiques, l’autre moitié par l’augmentation des recettes fiscales.
Enfin, la moitié… Fillon parle de réduire les dépenses publiques de 45 milliards. On en déduit donc que les 55 autres seront apportés par les recettes, ce qui n’est pas tout à fait la moitié. Sauf que, dans ses calculs, il n’y a « que » 50 milliards d’euros d’augmentation des recettes fiscales. Ce qui fait un total de 95 milliards, et non de 100 milliards…
Dans les 45 milliards de baisse des dépenses, Fillon évoque notamment le « coup de rabot de 10 % sur les niches fiscales », qui doit rapporter 5 milliards d’euros à l’État. Une fois de plus, cette augmentation des impôts est présentée comme une réduction des dépenses de l’État, les exonérations d’impôts étant conçues par celui-ci comme une dépense, et pas une non-recette. Comme si l’argent prélevé, en définitive, n’appartenait pas aux individus, mais au fisc…
Quant aux 40 milliards sur 45 restants, aucun détail sur les postes de dépense dans lesquels il faut tailler…
En ce qui concerne l’augmentation des recettes, Fillon promet, comme Nicolas Sarkozy, de ne pas augmenter les impôts.
Où trouver l’argent, alors ?
D’abord, dit-il, en arrêtant le « plan de relance », et donc en conservant l’argent servant à le financer. « Plan de relance » dont le principe, on ne le dira jamais assez, a été invalidé dès le XIXe siècle par l’économiste Frédéric Bastiat, dans son pamphlet Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas. L’argent « injecté » dans l’économie a été prélevé, et fait défaut ailleurs, là où des individus étaient prêts à le placer. La « relance » ne fait donc que déplacer de l’argent, en l’investissant dans des secteurs où les acteurs économiques n’auraient pas ressenti l’intérêt d’investir autrement.
Ce qui laisse à penser qu’il n’était pas judicieux d’investir dans ces secteurs…
Les 35 milliards d’euros sur 50 d’augmentation des recettes proviendraient, eux, de la croissance. En effet, si l’activité économique s’accroît, les caisses de l’État se rempliront en conséquence, avance le Premier ministre.
Oui, mais si la croissance ne vient pas ?
Faudra-t-il une nouvelle « baisse de la dépense fiscale », c’est-à-dire une nouvelle augmentation des impôts qui ne dit pas son nom, pour que le gouvernement, pas assez courageux pour prendre des engagements clairs de réduction des dépenses publiques (les vraies) comble un déficit devenu incontrôlable depuis 2008 ?
Si Fillon ne sait pas où réduire les dépenses, nous avons quelques idées, nous.