Théodore Géricault Etude de pieds et de mains © Musée Fabre de Montpellier Agglomération – cliché Frédéric Jaulmes
Bon ce n’est pas simple.. surtout juste après le billet de Charlotte sur Sex & The City 2.. disséqué avec brio grâce à son verbe chirurgical .. et lu avec délectation !
Le sujet à partager avec vous aujourd’hui est beaucoup moins léger (nous sommes loin des robes de stars et des Manolo Blahnik ou Christian Louboutin’s shoes..).
L’exposition Crime et châtiment dont le titre est évidemment emprunté à Dostoïevski, aborde une période d’environ deux siècles : de 1791, lorsque Le Peletier de Saint-Fargeau réclame la suppression de la peine de mort, jusqu’au 30 septembre 1981, date du vote de son abolition en France.
Les auteurs du fameux « Crime » exposé se trouvent être deux redoutables experts : Robert Badinter ancien garde des sceaux ayant permis d’abolir la peine de mort en France, et Jean Clair, Académicien, Conservateur général du patrimoine et commissaire d’exposition transdisciplinaire travaillant sur l’histoire des idées.
Le Mal fascine depuis toujours (les sorcières étaient déjà brûlées vives au Moyen Âge.. ) le public.. et plus particulièrement les artistes, étudient ce dernier avec acharnement et voyeurisme.. pour notre plus grand enseignement.
Scènes de violences, massacres, assassinats.. le crime, et bien sûr la punition qui en découle, se trouvent à l’honneur dans les salles du musée d’Orsay : du crime quasi originel de Caïn sur son frère Abel.. jusqu’à la chaise électrique, rien ne nous est épargné !!!
Une chose m’a frappée.. Nous sommes en juin, c’est en outre un sujet difficile, pas forcément très « léger ».. et pourtant les salles étaient pleines !! Chaleur et promiscuité aident d’ailleurs peu à l’allègement du sujet.. je vous assure !!!
Même s’il ne faut en aucun cas être déprimé pour la découvrir, ce type d’exposition thématique qui vous fait voyager à travers le temps, possède des vertus indéniables : Sentiment de Liberté (face à l’emprisonnement), Surprise, Effroi, Angoisse, Réflexions sur la Violence et sur la nature humaine profonde, etc. : tout a déferlé en moi de manière désordonnée.
Les Artistes ont toujours été fascinés non seulement par les méandres de l’Âme et du Cerveau humains mais encore par la lutte entre le Bien et le Mal — qu’ils tentent, depuis la nuit des temps, de traduire en deux ou trois dimensions, suivant le choix du mode d’expression : Peinture ou Sculpture..
Le thème criminel investit donc les arts visuels en même temps que la presse (notamment dans les quotidiens illustrés) qui suit et narre pour la plus grande joie – malsaine – de ses lecteurs : le Crime de Sang. Le sensationnel et l’hémoglobine a toujours fait vendre .. ce n’est donc pas une nouveauté. Le Cinéma l’a d’ailleurs depuis le début parfaitement compris..
Chez les plus grands peintres, Goya, Géricault, Picasso ou Magritte, les représentations du crime ou de la peine capitale sont à l’origine d’œuvres saisissantes. D’ailleurs, une fois que vous avez passé les scènes de crime d’assassinat et autres (intégrant à peu près toutes les versions picturales pouvant exister de l’assassinat de Marat dans sa baignoire par Charlotte Corday !!), c’est vraiment « sympa » de passer directement aux illustrations des techniques de torture les plus variées ou bien carrément se trouver nez-à-nez devant l’objet de torture lui-même !!!! Un vrai festival : de gibet, garrot, guillotine, chaise électrique et j’en passe !!!
L'assassinat de Marat Jacques-Louis David ,1793 Huile sur toile 162.5 x 130 Musée du Louvre, Paris
Comme visite dominicale gaie et insouciante, on trouve bien évidemment mieux !
Malgré cela, j’ai fortement apprécié la qualité et la multiplicité des œuvres exposées : dessins, peintures, sculptures, pastels, gravures.. et j’en passe ! .. Dont certaines dont je ne soupçonnais pas l’existence.. même de la part d’artistes qui étaient à mes yeux exclusivement des auteurs de scènes de plaisir décentes..
Intérieur (Le Viol), Edgar Degas, Année : 1868, Lieu de conservation : Philadelphia Museum of Art
J’ai été ainsi fortement impressionnée par « Le Viol » de Degas. Ce dernier, en une scène d’intérieure somme toute assez banale, a su avec une parfaite justesse, traduire de manière sous-jacente, la violence et la terreur implacables que peuvent générer, dans cette situation extrême, le joug masculin..
Il reste peu de temps pour découvrir cette étonnante exposition.. laquelle assurément vaut le détour (après absorption de vitamines évidemment !)
Musée d’Orsay
Jusqu’au 27 juin 2010
Plus d’informations sur le site du Musée d\’Orsay