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Dynasty ou fin de race ?

Publié le 12 juin 2010 par Delanopolis
Dépouillé de cinq de ses plus belles oeuvres par l'impéritie de la gestion delano-girardienne, le Musée d'art moderne de la ville a rouvert sur une exposition très médiatisée qui ambitionne de révéler le dynamisme retrouvé des jeunes plasticiens français. Si telle est notre relève artistique, mieux vaut s'exiler ! Dynasty ou fin de race ? Pourquoi Dynasty ? Parce que cette génération artistique nouvelle, i.e. née après 1973, a été nourrie au feuilleton américain éponyme, apprend-on à l'entrée de l'exposition. Plutôt que fréquenter les musées, les bordels ou, tout simplement, la rue, ces nouveaux-nouveaux-nouveaux créateurs ont donc ingurgité de la série télévisée d'outre-atlantique à base de coucheries texanes. Il ne faut pas être étroit d'esprit : les plus belles plantes peuvent pousser sur le fumier. Mais enfin, le résultat n'est pas garanti et, en l'espèce, la plupart des "oeuvres" présentées sont brouillonnes, insignifiantes ou anecdotiques. On croirait un exercice poussif "à-la-manière-de", la manière en question étant le plus souvent un énième sous-produit des provocations de Duchamp ou des dilatations de l'arte povera.

Duchamp avait tout compris à la récupération de l'image par la société de consommation, au nouveau statut de l'artiste qui, du seul fait de sa condition et non de sa production, pose son estampille sur ce qui doit être considéré comme artistique et de la bouillie pour intellectuels prolétarisés servie par les institutions culturelles. Le problème, c'est que Duchamp utilisait un fusil à un coup. Il a ouvert un placard que ses suiveurs ont pris pour un hangar. Les agglomérats de ficelle et de métal succèdent donc aux barbouillages sans un gramme d'innovation.

Du naufrage de cette nouvelle vague française, les seuls rescapés sont un américain : Duncan Wylie, auteur de vues d'immeubles effondrés qui, puisqu'il vit en France, se voit attrait à notre production nationale ; Guillaume Bresson qui peint des scènes d'agression dans des parkings germaniques et un Chinois dont nous avons perdu le nom mais qui transpose drôlement l'entassement de ses compatriotes et leur gavage dans un bocal de poissons rouges envahi de morceaux de sucre.

Franchement, le reste ne vaut pas tripette. Il faut se dire que les 40 sélectionnés (parmi 1.200 candidats semble-t-il ! ) sont davantage le reflet de la nullité du jury que celui des impétrants pour retrouver confiance dans notre jeunesse artistique.

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