Qui dit dimanche, dit l'atelier d'écriture chez Gwen. On actionne ses neurones pour trouver une suite au texte qu'elle nous a concocté :
Lundi. 7 heures. Ce matin, vous vous réveillez brutalement. Vous vous sentez un peu bizarre. Comme fiévreuse. Vous vous frottez les yeux, passez la main de vos cheveux. Damned! Votre crâne est lisse… Plus un seul cheveu. La stupeur vous fait vous asseoir brutalement dans le lit. Vous allumez la lampe de chevet et ce faisant, remarquez votre main, épaisse, poilue, aux ongles courts. Surprise, vous jetez un œil sur votre torse. Plat. Plus un gramme de mammelle à l’horizon. Quelqu’un vous a volé votre silicone! Et ce… enfin, cette chose, ce poids entre vos cuisses… Vous soulevez le drap et le rabattez aussitôt en poussant un grognement d’horreur. Tous ces poils! Et cette… enfin ce… Aucun doute. Vous êtes un… homme! Mais comment cela est-il possible? Hier, encore, vous étiez une blonde aux cheveux longs, faisant un bon 95D et vous aviez les ongles manucurés et une épilation parfaite. Que s’est-il passé? Qu’aller vous devenir? Racontez…
Et voici le fruit de mes cogitations intitulé le mauvais pacte :
Hier soir, Il est revenu et m’a demandé ce que je voulais, je me rappelle lui avoir répondu que je voulais redevenir un homme. Ce matin, au réveil, j’ai crû un instant que j’allais retrouver ma vie d’avant. Car oui, je suis un homme ! Pas de doute, cette fois il a tenu parole. La tête sous les draps, je vérifie mon anatomie. Ouf, je suis soulagé. Non parce qu’il faut je vous raconte toute l’histoire…
Un jour, j’ai douté de ma foi. Curé, j’ai envié tout ce que à quoi j’avais renoncé. Quand je célébrais la messe, j’observais les femmes et je regrettais d’avoir prêté vœu de chasteté. Je rêvais de jouissance physique, d’un corps féminin sous mes mains. Les hommes qui avaient réussi plastronnaient fièrement dans leurs grosses voitures. Ils avaient l’argent, le pouvoir et la vie facile. Et moi, je vivotais en prêchant la bonne parole. Rongé par la jalousie, j’en ai eu assez de cette existence. Je n’en pouvais plus. Je bâclais mes offices, l’âme torturée par tout ce que je n’avais pas.
Un soir, Il s’est présenté et m’a proposé un marché mon âme contre tout ce que désirais. La tentation a été trop forte et j’ai cédé. J’allais enfin pouvoir connaître les plaisirs charnels, la puissance et la gloire. Il m’a faite femme. Je me suis retrouvé dans un corps divin. Grande, belle, blonde, une poitrine de rêve. Je n’étais pas une épouse dévouée avec des enfants. Non, j’étais une prostituée qui vendait sans vergogne son corps au premier venu. J’ai du accomplir les volontés, les désirs les plus bas et les plus vils des hommes. J’en pleurais, je regrettais mon église et mes bigotes du dimanche.
Mais là, j’avoue que je suis étonné qu’il ait tenu parole. Le Diable ne serait pas de mauvaise foi? Ma main se promène sur mon visage, je sens la barbe naissante mais également une moustache. Mais, je n’ai jamais eu de moustache ! Je n’ose pas sortir la tête de sous les draps. M’a t’il joué encore un mauvais tour ?
J’entends des chiens aboyer et des ordres dans une langue étrangère. Qui suis-je ? On frappe à la porte. Une fois puis une deuxième fois. Je dois affronter mon destin. Je me risque enfin à regarder autour de moi. La chambre est spacieuse, les murs sont ornés de tableaux. Il y a un grand bureau qui trône avec des cartes d’Etat Major dispersées un peu partout. On dirait des cartes anciennes de l’Europe. Je sens mon cœur battre comme un fou, prêt à sortir de ma cage thoracique. Le sang afflue à mes tempes, je ne peux pas le croire. J'ai une vision d’horreur. Posé sur une chaise, il y a un uniforme. Oh non !!!
Un soldat entre, me salue et m’appelle Mein Führer .
Je voulais être puissant, je suis le plus grand meurtrier de l’histoire …