Holiday : Dimanche [Rétrospective Lee Man-hee]

Publié le 13 juin 2010 par Diana
Lee Man-hee inscrit Holiday / Hyuil (1968) également connu sous le titre anglais A Day Off dans le drame sociale. Il y met en scène un couple sans le sou dans des quartiers insalubres qui doit prendre une décision lourde de conséquence.
Heo Wook est un homme qui n’a pas un sou en poche. Il vit une relation amoureuse avec Ji-Yeon. Les deux tourtereaux se voient essentiellement le dimanche. Lorsque cette dernière lui annonce qu’elle est enceinte, le couple se trouve devant une décision douloureuse : garder l’enfant ou avorter. Mais leur condition les pousse à choisir la seconde voie. Dès lors, Heo Wook se met en quête d’argent…
Holiday a ce quelque chose qui interpelle. Il interpelle par les différentes références qu’on pourrait lui allouer mais aussi par une cassure vis-à-vis des films dits de studio. Autant sur le fond que la forme, il y a comme un « vent nouveau » qui souffle sur cette œuvre, profondément empreinte d’une époque. Elle fait penser à la Nouvelle Vague française pour sa liberté narrative, au néo-réalisme italien par la retranscription d’une réalité, celle de la société coréenne : ses décors naturels (la rue et son marasme ambiant), la pauvreté (du couple) et la situation qui en découle (l’avortement obligé par manque d’argent). On pourrait également rapprocher ce film à cette « nouvelle vague » japonaise par le commentaire social de certains de ses films, bien qu’ici Lee Man-hee se refuse au commentaire. Il y dépeint des personnages face à l’adversité, en évitant tout sentimentalisme et encore plus, le misérabilisme qui pourrait en découler.
Avec Holiday, Lee Man-hee traite d’un sujet difficile où ses personnages sont tiraillés par le doute et le désespoir. L’œuvre se veut sombre et cruelle par le fatalisme qui s’abat. Le drame se joue en sourdine dans cette société, deux individus livrés à eux-mêmes souffrant dans l’ignorance générale. Pourtant la vie continuera, un jour en remplacera un autre sans espoir possible, avec ses mêmes tracas et une condition qui ne changera pas. Holiday est une œuvre intéressante s’inscrivant dans le réalisme d’une société coréenne aux paysages et aux décors déstructurés et déconstruits comme ses êtres qui l’habitent. Une oeuvre sans fioriture et à la mise en scène inspirée. Une œuvre à voir et à vivre.
> Rediffusion le dimanche 20 juin 2010 à 21h00, salle Georges Franju
I.D.