Balade dans le Vexin, cette très belle région du Grand Ouest parisien qui met la province à un jet de pierre de la capitale. Quelle joie de voir tous ces coquelicots flamboyants le long des routes. Quand j'étais gamin, titi parisien pur souche, et que nous partions en vacances dans la belle auto de papa, les coquelicots nous montraient le chemin, bordant la nationale d'un lé rouge éclatant.
Le coquelicot et le muguet doivent être les deux fleurs que j'ai découvertes nommément en premier, toutes les autres étaient englobées dans le terme générique de « fleurs ». Le rouge sang des petits pavots étant synonyme de vacances à la campagne pour l'une, les clochettes odorantes évoquant le 1er mai et le présent fait à maman avec l'argent de papa pour l'autre.
Et puis un jour, ces charmantes fleurs disparurent - ou presque - éradiquées par les pesticides répandus dans les champs. J'avais fait mon deuil de ce souvenir de jeunesse, du gamin des villes découvrant la campagne. Prise de conscience, nouvelles techniques de lutte contre les nuisibles à l'instigation des mouvements écologistes ? toujours est-il que depuis quelques années, le coquelicot retrouve la place qu'il n'aurait jamais du quitter, les talus au bord des routes, les lisières de champs au pied des blés.
De nouveau tout paraît comme avant, pourtant dans mon souvenir le coquelicot n'était jamais loin du bleuet, centaurée à fleurs bleues que certains appellent aussi aubifoin, or ce bleuet manque dans le décor reconstitué. Que sont les bleuets devenus ?