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En concédant sa quatrième défaite en autant de rencontres jusque là en Ligue Mondiale, la France a largement compromis ses chances de qualification pour la phase finale.
A Grenoble, Palais des Sports, Serbie bat France 3-0 : 25-20 (23'), 25-21 (23'), 25-21 (27'). Arbitres MM. Sanchez Gonzalo (Esp.) et Loderus (Ned.).
France : Vadeleux, Toniutti, Ngapeth, Sol, Kieffer (cap.), Geiler puis Rowlandson, Tolar, Bazin, Maréchal, Samica ; libero : Henno. Entraîneur : Philippe Blain.
Serbie : Kovacevic, Janic (cap.), Petkovic, Stankovic, Starovic, Podrascanin puis Terzic, Mitic, Atanasijevic ; libero : Rosic. Entraîneur : Igor Kolakovic.
Un seul être vous manque et tout peut vous sembler dépeupler. L'absence du régional de l'étape Antonin Rouzier, blessé depuis quelques jours, s'est faite cruellement ressentir face à la Serbie. A Lyon jeudi, puis à Grenoble samedi dans une moindre mesure, les Français ont cruellement manqué de puissance et de solutions offensives. Le forfait de Rouzier a d'ailleurs été évoqué par les coachs des deux formations après la rencontre comme un des facteurs explicatifs de la déroute française.
Les Serbes semblaient pourtant prenables sur le papier, avec une équipe très jeune et quelques joueurs clés laissés au repos ( Nikola Grbic, Ivan Miljkovic et de Novica Bjelica). Ils ont pourtant donné une leçon aux Français au Palais des Sports en les battant sèchement en trois sets. Les partenaires d'Olivier Kieffer ont néanmoins montré plus d'envie que deux jours auparavant à Lyon. Ils ont même réalisé de très bonnes séquences de jeu, avec notamment un bloc performant. Mais leur tendance à très vite pouvoir déjouer et surtout leur incapacité à remporter les points importants ont pesé au final très lourd dans la balance. De quoi faire dire au libero Hubert Henno après la rencontre que « si le volley-ball se jouait avant 20 points, nous serions champions. Malheureusement pour nous il se joue après... ».
Un constat dur mais terriblement réaliste. Dans une très bonne ambiance, les Français prenaient ainsi un excellent départ, s'appuyant sur un Ngapeth saignant en bout de filet et sur un contre performant. Kieffer et Sol s'illustraient ainsi dans ce dernier domaine pour permettre à leur formation de faire un petit break (5-2). Côté serbe, le capitaine Janic parvenait à maintenir à flots son équipe, se montrant tranchant sur son aile malgré une attaque dans le filet qui laissait les Tricolores devant (13-11). Les visiteurs ne lâchaient rien, ne permettant pas à l'écart de gonfler. D'autant plus que les joueurs de Philippe Blain commençaient eux à déjouer à l'image de deux attaques ratées de Geiler et Ngapeth. Seul un contre du petit passeur Toniutti laissait les Français devant (18-17). Mais un ace de Podrascanin, très performant au service hier soir, permettait finalement aux Serbes de passer devant pour la première fois du match (18-19). Un tournant décisif puisque les visiteurs déroulaient ensuite jusqu'au gain de la première manche.
Dans le sillage de Ngapeth, la France reprenait pourtant les choses en main dans le deuxième acte (3-1). Mais la formation de Kolakovic calmaient rapidement les ardeurs tricolores. La hargne de Geiler et le soutien inconditionnel du public ne suffisaient pas et la Serbie pliait la manche sur sa deuxième balle de set.
Le troisième acte était pratiquement la copie conforme du premier. Les Français profitaient des approximations en réception des visiteurs, de la bonne rentrée de Maréchal à l'aile,d'un bloc à nouveau efficace et d'une bonne défense pour prendre largement les devants (17-12). Mais la belle machine tricolore allait une nouvelle fois se gripper. Une erreur d'arbitrage, globalement très mauvais par ailleurs, relançait complètement les Slaves qui infligeaient un 8-1 pour prendre la tête (18-20), s'appuyant notamment sur une belle série au servie de Stankovic, désigné homme du match. Un service out de Geiler mettait un terme à la rencontre. Philippe Blain va avoir du travail pour rendre compétitive sa jeune équipe. Les deux prochaines rencontres face à la Chine devrait pouvoir permettre de travailler un peu plus sereinement, contre un adversaire à priori nettement plus faible.
Réactions :
Earvin Ngapeth : « Nous avons bien démarré mais ensuite il y a eu de grosses erreurs d'arbitrage à chaque moment important des sets, des deux côtés d'ailleurs. Ce ne fut pas notre meilleur match de l'année, mais on ne peut pas dire qu'on a été épargné à ce niveau là. Nous ne sommes toujours pas arrivé à notre meilleur niveau, on a du mal à jouer ensemble. Il y a des gars que je ne connais presque pas, il faut que le groupe se forme, que l'on passe du temps ensemble. Je pense toutefois que cela va de mieux en mieux, que l'on monte crescendo. Même si la Ligue Mondiale est une belle compétition, notre principal objectif demeure d'être prêt pour les championnats du Monde. »
Hubert Henno : « On va devoir prendre les matchs les uns après les autres. Pour le moment, on n'arrive pas à trouver notre équilibre. Nous perdons contre une équipe de Serbie bis, il va falloir avancer maintenant et comprendre que le volley-ball, ça se joue après 20. Si cela se jouait avant nous serions champion. »
Olivier Kieffer : « On ressent beaucoup de frustration. Comme à Lyon, nous faisons jeu égal. Mais nous manquons de patience sur les points importants alors que les Serbes ne font eux aucune faute à partir de 20. Il faut continuer à travailler et gagner absolument nos deux matches de la semaine prochaine. Cela ferait du bien à tout le monde. L'arbitrage a été lamentable des deux côtés, j'espère que cette doublette ne se représentera plus. »
Bojan Janic (cap. Serbie) : « Nous avons bien joué au premier set et cela nous a offert un avantage décisif pour la suite. Comme toujours, nous avons eu plus de difficultés après avoir mené 2-0 mais nous avons néanmoins réussi à remporter le troisième set. C'est le deuxième match de suite que nous parvenons à remporter 3-0, cela nous donnes beaucoup de motivation avant d'aller en Italie. »
Philippe Blain (entraîneur France) : « Les difficultés de jeudi se sont répétés. Dès que l'on rate la moindre petite chose, notre jeu se désagrège. Quand une dynamique s'installe, c'est très difficile de s'en sortir. La Chine sera donc déterminante pour sortir de cette spirale mais aussi pour conforter notre troisième place dans l'optique des playdowns. Le point positif est que l'on devrait récupérer Antonin Rouzier ce qui réquilibrera un peu notre jeu. »