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IVANHOE, ou le Croisé britannique, par Walter SCOTT

Publié le 13 juin 2010 par Mpbernet

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Parmi les héros de roman qui marquèrent ma jeunesse, figure en bonne place le chevalier Wilfrid d’Ivanhoe, personnifié dans deux œuvres magnifiques au cinéma et à la télévision, le film de Richard Thorpe (1952) avec Robert Taylor et Elisabeth Taylor, et aussi la série anglaise de 39 épisodes en noir et blanc diffusée en France en 1959 (avec Roger Moore, tout jeune et pas encore 007 !).

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A propos du film, voici ce qu’en dit un internaute dont je partage l’avis : « Un pur chef d'oeuvre comme on n'en fait plus, sans la moindre trace d'effet spéciaux : il est possible de faire un film inoubliable et intemporel..même dans cent ans, on en parlera encore comme le meilleur film médiéval de tous les temps, les scènes comme le tournoi ou la prise d'assaut du château sont incroyables et je n’ai jamais vu mieux..et Elisabeth Taylor est d'une beauté, la plus belle femme de cette époque. »

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Après avoir vu le dernier film de Ridley Scott "Robin Hood", je me suis résolue à relire l’œuvre originale de Walter Scott, écrite en 1819, en plein romantisme.

Malgré la difficulté inhérente à la lecture d’une traduction datant de cette époque – j’ai trouvé le livre chez un antiquaire : il s’agit de l’édition de Firmin-Didot de 1835, traduit par Albert Montémont, et elle est composée en caractères très petits sur deux colonnes – je suis allée d’étonnement en étonnement.

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Les tournures sont anciennes et les règles de chevalerie bien éloignées de notre XXIème siècle, certes, mais la construction du roman demeure particulièrement astucieuse et très actuelle. Flash-backs, dialogues, scènes d’action alternent avec des descriptions de décors courtes et efficaces. Tout commence et tout finit par un tournoi, les héros prennent forme et couleur avec grâce, les sentiments sont nobles ou abjects, les rebondissements et le suspens haletants.

Tout est déjà en place, effectivement, pour une œuvre cinématographique.

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Le rôle de Robin des Bois, "sire" de Locksley en la forêt de Sherwood, n’est cependant pas le plus important. Il intervient pourtant de manière décisive en au moins trois occasions, mais là n’est pas le noyau de cette histoire mouvementée. Le rôle-titre, Ivanhoé, ou "El Desdichado" (le chevalier deshérité, qui a suggéré à Gérard de Nerval le titre de son poème...) puisqu'il apparaît en lice sous ce pseudonyme à son retour de Terre Sainte et afin de ne pas se faire reconnaitre de Cédric, son père (comme dans le film de Ridley Scott), n’est pas non plus le plus profondément analysé, même s’il structure l’intrigue.

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Le personnage principal, la cause première, est une jeune fille parée de toutes les qualités : une beauté étincelante, un maintien de princesse, une modestie et un courage devant l’adversité à toute épreuve, même celle de la menace du bûcher, des talents de médecin reconnus, un désintéressement absolu…. Et cette beauté, Rebecca, est juive !

L’essentiel du roman de Walter Scott est là : faire fi des préjugés absurdes entretenus depuis des siècles contre les Juifs. Certes, ils exercent le métier de banquiers – mais c’est bien parce que les nobles ecommeles manants sont incapables de gérer correctement leurs ressources et s’épuisent en conflits inutiles comme la Croisade – mais ils adorent le même Dieu que les chrétiens et doivent être traités comme des citoyens. Quel credo, alors que tous le 19ème siècle s'affiche comme antisémite à tout crin !

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Un autre personnage-clé est le templier amoureux Brian de Bois-Guilbert : tombé éperdument amoureux de sa captive Rebecca, il ne parvient ni par la force ni par le raisonnement à convaincre sa belle de devenir son amante. Elle préfère mourir. Lui, risque de perdre son honneur, son rang et la charge de Grand-Maître qui lui est promise pour la posséder. Le lecteur partage ses états d'âme et, malgré le caractère violent qui l'anime, ne parvient pas non plus à le détester.

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Quant à l'héroïne Marianne, je n'en ai trouvé aucune trace dans la romance de Sir Walter ! La belle saxonne est Lady Rowena, promise en secret à Ivanhoé. Ce qui signifie que le foisonnement des personnages permet toutes les suites possibles et imaginables, ce dont étaient bien conscients les auteurs de la série télévisée - une des premières du genre - avec les exploits de frère Tuck, Petit-Jean, (cté une fois sous le nom de Little John dans le roman de Walter Scott) Wamba (un des héros les plus sympathiques de Scott) et Gurth.

J'aimerai bien savoir comment de jeunes lecteurs d'aujourd'hui apprécieraient ce livre.....car je suppose qu'il doit exister une édition en français courant (comme la Bible que nous venons d'offrir à Jean-Baptiste !) ?


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