Vendredi avec les pêcheurs, samedi avec les militants écologistes. Un grand écart.
Comme prévu, j’ai embarqué sur un des bateaux de Greenpeace qui croise en Mediterranée pendant la fin de cette saison de pêche au thon rouge. L’Arctic sunrise est un ancien brise-glace où se côtoient une trentaine de personnes : l’équipage, plus des activistes, un photographe, un pilote d’hélicoptère etc. Bien sûr, sont aussi à bord les responsables de la “Campagne océans“ de Greenpeace.
Je suis arrivé à bord dans l’après-midi de samedi avec deux autres journalistes : un photographe de Paris Match et la correspondante du Financial Times, qui a depuis quitté le bord pour rejoindre le Rainbow Warrior qui navigue tout proche.
Que vont-ils faire ? Si les deux tiers de la flotte de Greenpeace est dans les parages, c’est pour s’opposer à la pêche au thon rouge. Ils tentent de empêcher par tous les moyens que des thons soient capturés pour être engraissés puis revendus à prix d’or.
Les bateaux battant pavillon d’un Etat européen ne sont plus autorisés à pêcher et sont censés faire route vers leur port d’attache. Les autres ont jusqu’au 14 juin au soir pour pêcher leur quota. A priori, ce ne seront pas ces derniers qui seront les cibles des militants.
Comme je le disais plus haut, les thons ne sont pas tués. Ils sont capturés dans un grand filet, la senne, afin d’être engraissés – en l’occurence près de Malte. Une fois prisonniers de la senne, ils sont transférés, en mer, dans une cage qui sera remorquée jusqu’aux fermes. Pour ne pas blesser le poisson, les cages sont remorquées excessivement lentement (de l’ordre d’un nœud, soit 1,8 kilomètre heure). Même si la pêche est terminée, les thons sont encore en mer. Un instant de choix pour que Greenpeace leur rende leur liberté.
Veillée d’armes. Dans le bateau, ce soir, tout le monde semble se préparer à “une action”. L’hélicopère est parti en reconnaissance un long moment, tout le monde discute dans les salles communes, on échange des croquis, etc. Le tout en tenant soigneusement à l’écart mes oreilles indiscrètes… Pas moyen d’en savoir plus, mais personne ne nie que les conditions seront bonnes dès dimanche matin pour “une action”.
Demain, si tout se passe comme prévu, quelques tonnes de thon seront remises en liberté par Greenpeace. Est-ce utile ou symbolique ? “C’est sûr que libérer une cage de poissons ne changera pas l’histoire, ça reste de l’ordre du symbole. Mais en même temps, vu l’état des stocks de thon rouge en Méditerranée, ce n’est pas si anodin”, m’a répondu le responsable de la campagne océans.
La suite demain.
J.P.