Tout appelle à une transformation qui remette le monde sur ses pieds : c'est ce que nous nommons révolution !par Jean-Paul Legrand
L'Etat est un appareil au service des intérêts du grand capital, pour preuve la dernière supercherie des 750 milliards d'euros mobilisés pour "aider" les
Etats à payer leur dette et à laquelle participe la majorité des parlementaires de notre pays de droite comme de gauche qui ont approuvé le terrible plan "d'aide à la Grèce". Il s'agit tout
"bonnement" d'un hold-up anticipé sur les peuples, d'une promesse aux banques et grands groupes capitalistes qu'ils seront payés pour rentabiliser l'énorme masse de capital accumulé, en quelque
sorte une avance par anticipation sur l'exploitation des travailleurs.
Combien d'emplois, de formations, de services publics vont être détruits, combien de revenus salariaux et de prestations vont être diminués pour payer tout cela, car la conséquence va être
une terrible politique de restriction des besoins populaires, donc de la consommation, entrainant de nouveau un recul de l'activité industrielle dans notre pays, une accumulation du capital
financier improductif socialement et économiquement parlant. L'accroissement considérable des difficultés pour les couches non capitalistes de la société va se traduire par une
explosion de la demande sociale que l'Etat, qui s'est inscrit dans le cadre de la réduction des dépenses publiques, fera gérer par les collectivités qui elles-mêmes seront dans
l'impossibilité de répondre à la demande. En ce sens les élus vont devoir procéder à des choix critiques : soit accompagner la politique du grand capital soit s'y opposer de
plus en plus frontalement en appelant les populations à la lutte.
De quelle lutte s'agit-il ? Pas celle qui consiste à renvoyer une solution aux échéances présidentielles mais celle qui prépare à une action
massive et populaire contre l'organisation capitaliste de la société. En effet une course de vitesse est engagée entre les intérêts du grand capital et ceux des populations qui doivent
réagir promptement face à l'agression sauvage qui commence et va s'amplifier. L'Europe politique dont on nous vantait les incomparables mérites n'a jamais été celle des peuples mais celle
des grands groupes et des Etats à leur solde. Le résultat est là, les responsables de cette Europe viennent de vendre nos nations aux banques et se sont engagés à faire payer la note aux peuples.
Les conséquences vont en être un profond changement dans la conception, la représentation que les citoyens se font de la société parce que dans leur vie quotidienne des boulerversements
importants vont s'opérer. Les gens vont avoir besoin d'élus de combat, d'hommes et de femmes qui refusent de plier face aux injonctions de dirigeants dont le but est de sauver un
système dangereux et à bout de souffle.
Je m'en souviens encore, il y a quelques mois, quand avec mes amis nous évoquiions le mot "révolution" beaucoup de nos interlocuteurs étaient très sceptiques, voire s' en amusaient.
Aujourd'hui ils n'ont pas la même réaction. Ils pressentent que cela pourrait arriver. La situation est souvent ressentie de façon contradictoire : beaucoup de personnes disent
qu'elles ont le sentiment que ça va exploser et souvent les mêmes pensent impossible que cela puisse se produire car ajoutent-elles : "Les gens ne sont pas prêts, et d'ailleurs
si cela se produisait, ce serait vite l'échec car les gens n'ont rien à proposer en échange, ce serait l'anarchie". Pourtant l'histoire montre que les révolutions ne se sont pas annoncées à
l'huissier de service avant d'entrer dans le palais. Les révolutions sont prévisibles dans la tendance générale du mouvement mais aucune n'est programmable à une date fixe comme on règle la
sonnerie d'un réveil. Cependant il y a des indications intéressantes, des signes qui annoncent des situations inédites comme pour la première fois dans l'histoire de notre pays le fait que
70% des Français ont une vision négative du capitalisme ou encore que les abstentionnistes sont plus nombreux que les votants en particculier dans les quartiers populaires, ou encore comme le NON
au référendum en 2005 alors que tous les médias de propagande avaient été utilisés pour convaincre les citoyens de voter OUI. On peut émettre l'hypothèse que des millions de gens commencent
à comprendre que le capitalisme est historiquement arrivé à ses limites, c'est-à-dire que plus il se développe, moins les forces productives, les forces du travail, elles, peuvent
s'épanouir. Cependant ils sont des millions, la majorité, qui doutent encore de la possibilité de construire une autre société. Les gens craignent l'inconnu, et c'est naturel car
les limites historiques du capitalisme posent la question d'organiser la société autrement.
Les idéologues du capitalisme, les chiens de garde du système présentent la révolution à venir comme une ineptie, et escomptent dissuader les citoyens de s'y engager
en jouant sur les peurs. A cela ils ajoutent la confusion volontaire et intellectuellement malhonnête entre communisme, marxisme et stalinisme. Le régime qui a sévi en
URSS n'a rien à voir avec la "socialisation des moyens de production et l'association libre des producteurs" dont parlait Karl Marx, il en fut une tragique caricature qui s'est écroulée par
manque de démocratie. La réalité c'est que le communisme n'est pas une vue de l'esprit mais le combat des immenses forces du travail que le capitalisme, à travers la
lutte de classes, a développé lui-même en son sein et qu'il contredit souvent tragiquement chaque jour. Rien d'inconnu dans tout cela, le communisme n'est que la société actuelle (et
non idéale) qui rompt avec le capitalisme devenu l'obstacle principal au développement de l'Humanité. Il est le mouvement qui libère les forces de la création de ce capitalisme devenu
un carcan insupportable pour la civilisation.
A situation inédite, solution inédite. Les institutions et organisations actuelles ont fait leur temps. D'autres sont appelées à les remplacer. Soit elles serviront la liberté et la démocratie, soit elles renforceront la coercition et l'aliénation. Nos ancêtres avaient rappelé justement que la souveraineté populaire dans les circonstances où l'ordre ancien empêchait le nouveau de naître devait s'exercer par l'insurrection. Pour ma part je suis convaincu que les citoyens qui sont en légitime défense, doivent pouvoir s'organiser et se préparer à renverser le capitalisme par l'expropriation du grand capital des secteurs économiques principaux comme ceux des communications et des transports, de la grande industrie, de la santé et du logement et par la socialisation de ceux-ci, c'est à dire par leur direction et gestion par les citoyens et les travailleurs. De même l'administration de l'Etat doit être entièrement refondée pour devenir un service public qui défende les intérêts des citoyens avec un contrôle démocratique exercé par des élus révocables et non plus une machine bureaucratique au service exclusif des capitalistes. De telles mesures pourraient enfin libérer le travail de l'intolérable exploitation dont il est l'objet. L'économie serait au service des hommes et non l'inverse, la société enfin remise sur ses pieds !
Cet article a été publié sur le site BARRICADE 21 http://www.barricade21.over-blog.com