Légèrement échaudée par le premier opus filmique de la série, que je jugeais alors bien en dessous du niveau du show de HBO, je me suis néanmoins laissée tenter sans grande difficultée par ce second millésime, un peu en avant-première et, de fait, non influencée par le déluge de critiques assassines ayant accueilli le retour des quadras new-yorkaises.
A la manière des livres qu'écrit Carrie, la série, et maintenant les films, semblent suivre un chemin tout tracé: celui de la santé amoureuse de notre héroïne et, par corrélation, de ses accolytes. Ici, il s'agit de répondre à cette dangereuse question: que se passe-t-il après avoir dit "oui"? En résumé, la joyeuse troupe de fashionistas branchées en quête du grand amour s'est muée, tant dans le propos que dans la forme, en desperate housewives pistonnées par les plus grandes marques de mode. En clair, à travers leurs yeux, le mariage, ça craint.
Sex &The City 2 s'avère pénible à plus d'un titre. D'abord, par son côté indigeste. Pourtant pas plus long que le 1er opus, les 2h20 de celui-ci souffrent d'une pesante inertie, qui ne parvient pas à remplir son contrat. Là où l'on devrait normalement assister à l'essai transformé de l'équivalent de 7 épisodes types de la série, on a affaire ici à une mêlasse fade et molle, dont le pitch - et donc le denouement attendu - tient en trois lignes, mais que Michael Patrick King parvient à étirer telle de la guimauve de première qualité. A plusieurs reprises, et malgré la bonne humeur contagieuse de nos quatre starlettes, on se prend à se demander quand et surtout si tout cela va finir un jour.
La faute à un propos désolant de bêtise et dégoulinant de clichés, qui s'éloigne complètement de son concept de base, autrefois piquant, pour ne laisser finalement qu'un arrière-goût d'âpre supercherie. Car, sous le cortège des belles robes de ses dames - qui ont pesé lourd dans le budget colossal du film - se cachent deux ou trois pseudos réflexions sur les femmes et l'amour qui frisent le ridicule et tendent clairement vers la décrédibilisation de S&TC. Là où le show nous parlait allègrement des rapports hommes/femmes avec mordant et sans tabous, ici nos quadras devenues épouses, mères et/ou amantes rangées se lancent dans l'analyse douteuse de la condition des femmes au Moyen-Orient, tout en énumérant un nombre incalculables d'évidences élémentaires sur fond de crises hystériques concernant le mariage et ses petits désagréments (d'autant plus navrant que certaines pistes étaient prometteuses).
Je vais faire une exception ici et vous renvoyer à la critique absolument édifiante de mon collègue Mymp, qui a su, bien mieux que je ne saurais le faire (et il m'en coûterait) dresser le bilan de cette catastrophique incursion dans les emirats arabes: par ici la sortie >>>>>>> Clik
D'un point de vue purement féminin, se régalant volontiers de comédies inoffensives regorgeant de tenues haute couture, de gardes-robes somptueuses, de palais des mille et une nuits, d'amourettes au coeur caramel et d'amitié entre filles, S&TC2 n'est pas non plus un total désastre. Plusieurs scènes prêtent à sourire - Samantha et sa crise hormonale sauvent en grande partie l'ensemble du naufrage - et/ou font rêver - qui ne rêverait pas de passer une semaine à l'oeil dans la plus somptueuse des suites en plein désert? - et, la plupart du temps, touts ces petits artifices suffisent à créer l'illusion que le divertissement est, somme toute, fort agréable.
Hélas, ils ne font pas oublier la relative vacuité de cette entreprise mal négociée (on peine à se figurer ce que font ici les guest Liza Minelli ou Penelope Cruz), dont la superficialité met parfois mal à l'aise (impossible de voyager en classe éco...), et dont les quelques ressorts voulu audacieux sont rattrappés par l'amère constatation qu'Hollywood ne met pas assez souvent les pieds hors de son fief: la séquence en plein souk est des plus édifiante quant à la débilité des scénaristes, apparemment très naïfs, qui se complaisent à bercer la nation américaine dans l'ignorance la plus criante.
Je n'ai pas detesté ces retrouvailles avec les filles, mais j'en ai malgré tout été fortement déçue. D'abord parce que j'ai le sentiment qu'elles sont "périmées", qu'elles ne trouvent plus leur place dans leur propre histoire, et qu'elles ont toutes renoncé à ce qui faisait d'elles des femmes hautes en couleur. Dorénavant, la couleur ne s'étale plus que sur leur fringues griffées, dont elles changent à toute heure, comme pour nous faire oublier qu'en-dessous, à l'intérieur, on a déjà fait le tour. Si le plaisir de les revoir aux prises avec de nombreuses péripéties toutes plus invraisemblables et drôles les unes que les autres, il ne permet pas, hélas, de renouer avec le génie de la série, dont on assiste, quelque part, à l'agonie lente et douloureuse, qui ne semble pas devoir connaître de fin un jour.
Ma crainte, maintenant, vient de ce 3ème opus déjà programmé qui ne manquera pas, à coup sûr, de faire recettes, mais qui laisse augurer du pire. Iront-ils jusqu'à tourner Sex & The Retirement Home? Rien n'est impossible. En attendant, j'ai revu le 1er opus à la hausse.
*Indice de satisfaction: (-)
*2h26 - américain - by Michael Patrick King - 2010
*Cast: Sarah Jessica Parker, Kim Cattrall, Cynthia Nixon, Kristin Davis, Chris Noth, John Corbett, Jason Lewis, Evan Handler, David Eigenberg, Willie Garson, Mario Cantone, Liza Minelli...
*Genre: Desert in the City
*Les + : Toujours pimpantes, les quatre copines, elles continuent d'en mettre plein la vue et de nous ravir par leurs menues préoccupations existentielles.
*Les - : Tout ceci semble parfois indécent, insipide, inutile... et long.
*Lien: Fiche Film Allociné
*Crédits photo: © Warner Bros.