Mercredi 9 juin, 19h40. Journée maussade, crachin bien belge...
Je gare ma limousine à quelques dizaines de mètres du Studio Indigo.
Un black à stature imposante épaulé par une charmante hôtesse me souhaite un "Bienvenue Monsieur" tres sympa mais assez inhabituel lorsqu'on s'apprète à pénétrer dans une salle de concert.
Pas de contrôle billet par contre en ce qui me concerne ( sic !) et me voilà dans la salle où quelques prévoyants dans mon genre sont accoudés au bar boisson rafraîchissante à la main.
Ici on sert le coca dans un verre avec glaçons, citron,paille et tout le toutim, au prix de 3 euros, ce qui finalement comparé au coca chaud ou à la bière plate infecte servie à Forest national pour un euro de plus, n'est pas pour me déplaire.
This evening, c'est une icône du jazz/funk qui nous fait l'honneur d'une prestation dans notre petit pays : le grand Roy Ayers.
Né à Los Angeles le 10 septembre 1940, et à presque 70 balais Roy écume régulièrement les scènes mondiales entourés de zicos brillants et a parait il toujours le feu sacré.
Ayant compté parmi ses musiciens des grands noms comme Billy Cobham, Harry Whitaker, Alphonse Mouzon, Sonny Fortune Roy Ayers a de 1970 à 77 sorti 12 albums déclinant un jazz très funky qui allait marquer définitivement le son d'une période.
Il est actuellement considéré comme une légende vivante ( au mème titre qu'un Miles Davis) et est avec James Brown l'artiste le plus samplé au monde et à la base de la naissance du mouvement Acid jazz.
C'est donc avec impatience que j'attends de pouvoir voir la star on stage...
Et l'impatience est un grand défaut lorsqu'on vient assister à un concert à l'Indigo où le son et l'endroit sont parfaits, mais on ne peut pas vraiment en dire autant de l'organisation qui semble toujours dans une phase de rôdage .
Toujours est il qu'il faudra patienter une heure de plus que l'horaire indiqué sur le ticket ( 20h30) pour que l'artiste du jour puisse enfin fouler les planches..
Il est donc 21h30 lorsque 5 musiciens s'emparent de la scène et apres une rapide balance de dernière minute sont rejoints par Mister Roy Ayers himself !
Immédiatement on sent que ça va etre chaud, le public présent lui réservant déjà un triomphe alors qu'aucune note n'a encore été jouée.
Et ce soir on ne devra pas parler de triomphe, mais de pure folie ! !
Hyper sympa, excellent chanteur et magicien du vibraphone, Roy Ayers va littéralement enflammer l'Indigo pendant 130 minutes avec une pèche que bien des petits jeunes pourraient lui envier.
Autour de lui son band est tout simplement stupéfiant de groove, hallucinant de maîtrise.mention spéciale à Ray Gaskins, stupéfiant au saxo et à Lee Pearson qui renverrait moulte batteurs à leurs cours basiques d'académie. Le public hurle à plein poumons, l'ambiance monte de + en + jusqu'à ce qu'une jeune femme houla hoop autour de la taille monte sur scène et danse (vachement bien d'ailleurs) lascivement autour des musiciens, tres étonnés de cette surprise made in Belgium.
Everybody Loves the Sunshine , We live in Brooklyn, Poopoolala, One night in India ( Dizzy Gillespie) feront encore monter la température au point qu'au rappel la scène sera envahie par le public et que le concert se terminera dans une euphorie musicale comme j'en ai rarement vu.(oui j'étais sur scène, et alors !?)
Roy Ayers jubile tranquillement devant la folie qu'il déclenche, l'homme a simplement été à la hauteur de sa légende.
C'est pour des moments comme ça, inoubliables, que je me félicite d'aller régulièrement hanter les salles obscures.
Sur scène personne ne triche, la musique touche en plein coeur...
God bless you Roy ! See you next time...
Un maître !
23h45, le public quitte l'Indigo Studio. Dehors, il s'est arreté de pleuvoir.
Je regagne mon carosse, le sourire aux lèvres..everybody loves the sunshine...what ?...the sunshine !
Un mec qui interrompt la pluie et met le soleil dans les coeurs, ça s'appelle un sorcier, non ?
Je glisse le cd live de Roy que je viens d'acheter dans le lecteur de la bagnole, la musique démarre...
Elle est pas belle la vie ?
Musiciens:
- Roy Ayers : vibes & vocals
- Mark Adams: keyboards
- Ray Gaskins : alto sax, keyboards, clarinet, vocals
- John Pressley: vocals
- Donald Nicks: bass
- Lee Pearson: drums