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Homélie 11 TOC 2010 – La Puissance et la Beauté de la Miséricorde

Publié le 12 juin 2010 par Walterman

 

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Cet épisode de l’Evangile n’est rapporté que par S. Luc. Matthieu, Marc et Jean n’en font aucune mention. Pourquoi S. Luc a-t-il décidé de l’insérer dans son Evangile ? Sans doute pour la même raison qu’il est aussi le seul parmi les évangélistes, à inclure les paraboles du Fils Prodigue et du Bon Samaritain. S. Luc était fasciné par l’infinie miséricorde du Christ, par la puissance de son amour inconditionnel.

Dans sa première encyclique, Benoît XVI a écrit que Jésus est l’amour incarné de Dieu (n. 12), l’amour et la miséricorde de Dieu rendus visibles. Prenons quelques instants pour le contempler.

Regardons d’abord la femme pécheresse. Comment cette femme est-elle entrée dans la maison de Simon ? Toute penaude ? Etait-elle timide et hésitante ? Si elle avait été embarrassée, elle ne serait pas venue, tout simplement. Non, elle a dû se précipiter dans la salle, cherchant Jésus avec un regard intense. Le voyant, son regard a dû s’éclairer, son inquiétude faire place à un beau sourire : elle avait trouvé celui qu’elle cherchait !

Qui était Jésus pour cette femme ? Jésus était son Sauveur. Elle avait trouvé en lui ce qu’elle cherchait depuis longtemps. Nous ne savons pas comment elle l’a connu. Peut-être n’avait-elle vu Jésus que de loin, écoutant son enseignement perdue dans la foule. Peut-être, après un de ses sermons, leurs regards s’étaient-ils croisés l’espace d’une fraction de seconde. Quelles qu’aient été les circonstances de ce premier contact, la puissance de sa grâce avait, d’une manière ou d’une autre, touché son cœur, pénétrant les barrières qu’elle avait érigées dans son cœur. En Jésus, cette pécheresse publique avait fini par trouver quelqu’un qui la connaissait vraiment, qui l’avait appréciée de cette manière qu’elle avait toujours désirée, qui n’attendait rien d’elle, sinon la confiance et l’amitié. Pendant toutes ces années, elle avait cherché à s’épanouir, à faire reconnaître sa vraie valeur, au mauvais endroit.

Aujourd’hui, joignons-nous à elle. Répandons le précieux parfum de la reconnaissance et de l’amour sur Jésus, notre Seigneur, qui nous a supportés, cherchés, livré son corps et son sang en nourriture, et qui est toujours prêt à pardonner nos péchés.

Maintenant tournons notre regard vers l’autre pécheur, Simon, le pharisien. Simon avait réussi dans la vie, et il en était arrivé à penser qu’il n’avait pas besoin de Dieu. Oui, il fréquentait la synagogue. Après tout, il est un pharisien, un leader spirituel. Mais il allait à la synagogue pour montrer combien il était juste, et non pas pour mendier la grâce de Dieu. La femme, qui savait qu’elle était une pécheresse, et qu’elle avait besoin d’un Sauveur, était capable de voir la gloire du Christ et de faire l’expérience de son amour. Mais Simon, lui, est aveuglé par son arrogance et son autosuffisance, et donc il ne découvre rien d’extraordinaire en ce rabbin de Nazareth.

Il y a un Simon en chacun de nous, et c’est ce petit Simon qui nous retient d’aller nous confesser. Ceux qui se connaissent en vérité, qui savent vraiment qu’ils ont besoin de la miséricorde de Dieu et de sa grâce dans leur vie, ceux-là se confessent régulièrement. Ils se jettent au pieds de Jésus dans un élan d’humble gratitude, comme la femme pécheresse. Et alors, Dieu peut en faire des saints. La Bienheureuse Mère Teresa se confessait chaque semaine. Simon le Pharisien ne se serait jamais confessé : il n’avait jamais tué personne. Il se trouvait quelqu’un de très bien ! Cette autosuffisance diabolique agit comme un bouclier, et fait en sorte que les flèches de la grâce sont écartées, incapables de pénétrer dans nos cœurs pour les transformer.

Maintenant voyons comment Jésus réagit face à ces deux pécheurs. Est-il gentil et compréhensif avec celle qui lui fait confiance et le respecte, mais dur et en colère contre celui qui le regarde de haut ? C’est l’impression que nous pourrions avoir au premier regard. Mais, en fait, il n’en est pas ainsi. Bien sûr nous pouvons imaginer son sourire quand il permet à cette femme pécheresse de le oindre pour exprimer sa gratitude. Après quoi il la regarde dans les yeux et prononce les paroles qu’elle aurait voulu entendre depuis si longtemps, des paroles de guérison et de pardon. Il les prononce à voix haute, pour qu’elle ne doute jamais plus de la miséricorde de Dieu, pour qu’elle soit vraiment libérée de ce tourment de sa culpabilité, pour qu’elle sache avec certitude qu’elle aimée du seul Homme dont l’amour est vraiment essentiel.

Et ensuite, Jésus se tourne vers Simon. Est-ce que Jésus l’agresse et l’humilie ? Pas du tout. Il le reprend avec douceur. Il le regarde, exactement comme il a regardé la femme, avec douceur et compassion. Ensuite il lui pose quelques questions, pour éveiller et éclairer sa conscience. Jésus a tellement soif de notre amitié ! Il ne nous rejette jamais ! Il nous attire vers sa lumière!

Saint François de Sales faisait remarquer que l’on attrape plus de mouches avec une goutte de miel qu’avec un tonneau entier de vinaigre. Le miel coule de Jésus tout au long de l’Evangile. Ce miel, c’est sa miséricorde ! Il veut nous assurer que rien pourra l’empêcher de nous aimer. Il désire que nous lui fassions confiance, que nous le suivions, que nous lui confessions nos péchés, pour qu’il puisse nous libérer afin de nous rendre capables de vivre notre vie comme nous le souhaitons vraiment.

Que nous ressemblions davantage à cette femme pécheresse ou à ce Simon pécheur, peu importe. C’est le même Jésus qui viendra à nous dans cette eucharistie. Accueillons-le comme il convient.


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