C'est trop injuste ! Oui, Calimero (à gauche) a raison d'appliquer sa célèbre phrase au prix du téléphone au Maroc. Les tarifs pratiqués par les opérateurs qui se partagent le marché sont en effet scandaleusement élevés. La cause de cette situation qui pèse quotidiennement sur le pouvoir d'achat du consommateur marocain réside dans l'absence de concurrence réelle qui ferait baisser les prix. Les trois opérateurs profitent tout au contraire d'une situation cartellaire.
Le principal bénéficiaire de cette rente de situation est Maroc Telecom (au centre), propriété du groupe français Vivendi. Il n'est pas étonnant que cette société réalise des performances économiques exemplaires ! A fin mars dernier, Maroc Telecom annonçait une rentabilité de... 43,1 % ! Son chiffre d'affaire ne constitue que 10 % de celui de sa maison mère, mais ses bénéfices de 3,2 milliards de dirhams représentent le quart des profits totaux de Vivendi ! C'est ce qui s'appelle une vache à lait... Tout cela sur le dos du Marocain moyen, tondu... comme un mouton. Pour sa part, le deuxième opérateur, Meditel (à droite), bien que totalement en mains marocaines, ne facture pas différemment les conversations.
Il en est de même du troisième acteur, Wana (à gauche), propriété de l'ONA, principalement en mains de la famille royale marocaine, et d'un opérateur koweïtien, et qui vient de lancer la marque inwi.
Les Marocains se plaignent, à juste titre, de payer les tarifs les plus élevés du monde arabe (voir http://www.lesamisdumaroc.eu/index.php?post/2010/05/15/T%C3%A9l%C3%A9phonie-mobile-%3A-Maroc%2C-pays-le-plus-cher-du-Monde-arabe&pub=1). Maroc Telecom se défend en affirmant que ses prix sont les mêmes que sur le marché européen. L'argument est pour le moins spécieux ! D'une part, le niveau de vie au Maroc est beaucoup plus bas qu'en Europe. En 2008, selon le FMI, le produit intérieur brut du Maroc n'atteignait que 2'827 dollars par habitant, soit 16 fois moins que celui de la France et 25 fois moins que celui de la Suisse. D'autre part, le système des cartes à pré-paiement pour la téléphonie mobile, qui représente l'essentiel des conversations, est non seulement peu pratique, mais aussi défavorable à l'utilisateur (voir http://www.bladi.net/telephonie-mobile-maroc-cher.html).Dans ce contexte, alors que la résignation est parfois une seconde nature marocaine, on ne peut que saluer l'initiative prise en vue de créer une Journée sans portable (au centre), qui a eu lieu cette année le 30 mai (http://bigbrother.ma/2010/05/journee-nationale-sans-telephone-portable-au-maroc-un-cri-contre-les-prix-trop-chers-des-communications). La protestation est symbolique et regroupe pour l'instant un nombre insuffisant de consommateurs. Mais elle montre une prise de conscience qui peut aller loin. Les plus lucides sont décidés à se battre. A l'image du caméléon de droite, qui s'est attaqué à l'objet du scandale...
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