Je ne comprendrai jamais rien à rien. On va me rétorquer l'incroyable jungle d'une procédure judiciaire, sa complexité, les noeuds subtils, les contraintes évidentes, les différences normales selon les types d'affaires, les faits jugés, les lois propres aux citoyens de chaque état étasunien puisque ce pays est concerné, ses juges, si particuliers puisque élus par les citoyens, la différence de procédure selon qu'il s'agit de juger un homme ou une société industrielle, etc.
Moi je ne vois qu'une chose et j'ai encore envie de m'étrangler de rage en lisant la presse. Warren Anderson ne sera jamais jugé en Inde car les États-Unis ne l'extraderont pas vers ce pays pour qu'il soit jugé. Ces même États-Unis qui aimeraient bien qu'un certain cinéaste soit extradé, ce même pays qui exécute comme un seul homme avec l'Iran, la Chine ou l'Arabie Saoudite.
Donc, verdict du procès Bhopal en Inde cette semaine, le lundi sept juin exactement. Vous vous souvenez de cette catastrophe ? J'ai écrit un papier sur ce blogue il y a quelques mois.
Warren Anderson est l'ancien PDG d'Union Carbide, il figurait parmi les accusés, mais il n'a pas été nommé lors du verdict après que la cour l'eut déclaré "en fuite". En fuite dans l'Etat de New York ! Aux dernières nouvelles, retraité fringant, il sévit sur les greens de Long Island, de Floride aussi parfois.
Le verdict du jugement ? Quelques milliers d’euros d’amende, deux ans d’emprisonnement contre les responsables, le nom du directeur général d’Union Carbide absent du verdict. Les huit anciens dirigeants locaux de l'usine ont été condamnés à deux ans de prison et à cent mille roupies d'amende (1 756 euros). Ces cadres ont été reconnus coupables de "mort par négligence". Le groupe Union Carbide, propriétaire de l'usine d'où s'était échappé un nuage de gaz mortel le 3 décembre 1984, a été condamné à huit mille d'amende.
Il s'agit des premières condamnations après la catastrophe qui a fait plus de vingt cinq mille morts et plus de cent mille malades dans le centre de l'Inde.
Comme dans la chanson de Dylan, "La mort solitaire de Hattie Caroll" (reprise en français magnifiquement par Hugues Aufray), c'est le moment de pleurer...