A défaut d'espérer l'introduction d'une part majoritaire de capitalisation comme le souhaite le Parti Libéral Démocrate, nous attendons du gouvernement une réforme ambitieuse de la répartition. Conscients de la menace qui pèse sur leur retraite, nous estimons les Français prêts à contribuer collectivement à l'effort s'il est juste. C'est pourquoi il est nécessaire d'harmoniser les systèmes de retraite par répartition actuels, et de tous les aligner sur les mêmes règles. L'obstacle principal, ce sont nos corporatismes et ceux qui les défendent : les centrales syndicales au service d'intérêts catégoriels.
La réforme des coûteux régimes spéciaux devait être le fer de lance d'une présidence réformatrice. Au final, Nicolas Sarkozy aura négocié un premier ajustement au coût supérieur, selon les calculs du sénateur Leclerc, que la situation initiale. Censée permettre l'économie de 500 millions d'euros cumulés en 2012, la réforme des régimes spéciaux est passée sans heurts ou presque (9 jours de grève, rien en comparaison des grèves de 2003). Une des raisons de ce succès apparent s'explique par la garantie pour les salariés des régimes spéciaux (EDF-GDF, RATP, SNCF…) de fortes compensations (élargissement de l'assiette, majorations diverses, prise en compte de certaines primes…) en échange de l'allongement progressif de la durée de cotisation et du recul de l'age de départ. Les coûts des mesures d'accompagnement, pour les contribuables, sont estimés à 19 millions d'euros par an à partir de 2015 pour la RATP et à plus de 150 millions d'euros par an pour la SNCF à partir de 2011.
L'injustice ne s'arrête pas là. Le régime de la fonction publique reste bien plus généreux que le régime général. Une dernière étude de l'iFRAP montre « pour des salaires moyens quasi-identiques, les fonctionnaires ont en moyenne une retraite de 2.202 euros quand les salariés du privé ont une retraite de 1.713 euros ». Il est urgent d'harmoniser les règles de calcul des pensions et des modalités de cotisation avec le régime général, en commençant par intégrer les primes dans le salaire et prendre en compte les 25 meilleures années au lieu des 6 derniers mois comme c'est le cas actuellement.
Au rythme des pressions syndicales et des levées de boucliers, le gouvernement commence déjà à reculer sur la réforme des retraites, dont l'ambition n'est pourtant pas à la hauteur des enjeux. En effet, Eric Woerth assure que les régimes spéciaux ne seront pas touchés par ce nouvel effort. Plus inquiétant, l'alignement du régime spécifique de la fonction publique sur le régime général semble compromis, à commencer par le mode de calcul des pensions. Le Parti Libéral Démocrate condamne ce manque de courage politique et réclame que les mêmes règles s'appliquent à tous les Français : à cotisation identique, retraite identique.