« Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon » de Elio Petri (Carlotta)
Sortie le 16 juin
Grand prix du jury du Festival de Cannes 1970
Oscar® 1970 du meilleur film étranger.
Le film
4 out of 5 stars
Les bonus
4 out of 5 stars
C’est un film extraordinaire. A peine marqué par les couleurs du temps ( 1969) il demeure très actuel pour son regard sur le monde des pouvoirs, et d’une vitalité exemplaire. Gian Maria Volonté qui joue le personnage d’un commissaire de police au-dessus des lois m’a souvent fait penser à Berlusconi,( même si à l’époque c’est Le Duce que l’on vise ) pour son discours, ses attitudes et son physique d’imperator à qui on ne le fait pas.
Plus généralement « Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon » est un formidable réquisitoire contre tous les totalitarismes, mené de manière très subtile par un réalisateur qui sait que quand il fait du cinéma c’est aussi pour divertir. Alors il imagine une histoire abracadabrantesque autour de ce chef de la brigade criminelle appelé à devenir le directeur de la section politique.
Persuadé que ses fonctions le rendent inattaquable, l’homme égorge sa maîtresse, et met tout en oeuvre pour se désigner comme coupable.Il sème des preuves accablantes, qu’il démonte avec une habileté diabolique , et quand l’enquête piétine , il la relance en remettant ses collègues sur ses traces… Sans oublier au passage de pointer du doigt un ou deux coupables possibles.
Cette excellente idée de scénario nous trimballe pendant près de deux heures dans un imbroglio magnifique, où le faux semblant est plus crédible que la réalité . Alors que les investigations policières se déroulent sur fond de troubles populaires, on ne sait plus très bien qui tire les ficelles de la farce , l’inspecteur jouant de son ancienne casquette pour mener l’enquête tout en réprimant les manifestations anarchistes.
Les rapports avec sa maîtresse sont du même acabit, et qui de la belle , un rien « pousse au crime » ou de l’amant tire les couvertures à soi ? Le plus pervers est-il celui ou celle que l’on pense , quand se mêle à l’étreinte soumise , la suspicion amoureuse ?
Ces questions ne trouvent pas forcément de réponses, mais des hypothèses , des suggestions , qui enrichissent le faux suspense pour un véritable thriller politique. Pour Elio Petri tout n’est que manipulation et la maestria de sa démonstration incline à le suivre bouche bée dans son réquisitoire filmé comme on filme des dictateurs, des marchands de propagande, des affabulateurs professionnels. Les gros plans sont impressionnants, la caméra bouge beaucoup,et la mise en scène , radicale , participe à l’élaboration de ce labyrinthe idéologique qui n’est pas là « pour brouiller les pistes » ( dixit le commissaire ) mais pour prouver que la notoriété vous écarte « de tout soupçon ». Dans ce labyrinthe là on se perd avec un grand plaisir, jusqu’à l’issue aussi énigmatique que ce film à voir et à revoir .
Une jolie palette d'acteurs italiens, au coeur d'un système totalitaire
DVD 1 : LE FILM + LES SUPPLÉMENTS
. REGARDS CROISÉS (20 mn)
Paola Pegoraro Petri, épouse d’Elio Petri, et la productrice Marina Cicogna évoquent leurs souvenirs sur le tournage du film au gré de nombreuses anecdotes. Sympathique, mais on y apprend pas grand chose.
. LA STRATÉGIE DE LA TENSION (25 mn)
Un entretien avec Fabio Ferzetti (critique de cinéma au Messaggero), dirigé par Annarita Zambrano (réalisatrice), sur le contexte politique de l’époque et la manipulation de l’opinion par le Pouvoir. Le titre de ce chapitre fait référence à une période où le pays est miné par des attentats anarchistes ,et des actions gauchistes très violentes. Cette expression deviendra populaire. Le film de Elio Petri est quasi prémonitoire .
Il était à peine terminé que le 12 décembre 1969, sur la piazza Fontana, une bombe fera 16 morts, et 88 blessés . « Il est très en prise avec la situation politique du moment ,au point que l’on prédit la prison à ses auteurs , et que Pietri préfère partir quelque jours en France ».Malgré la demande de la police, le film ne sera pas saisi, et connaîtra un immense succès sauf auprès de l’extrême gauche qui n’apprécie pas que l’on mette au grand jour ses dissensions.DVD 2 : LES SUPPLÉMENTS
. Ennio Morricone , LA MUSIQUE AU CORPS (19 mn)
« La musique doit arriver au bon moment » explique celui qui composera de nombreuses et célèbres musiques de film. « Pietri m’a raconté l’histoire, j’ai lu le scénario, j‘ai compris que je devais imaginer une musique grotesque, accessible, pour instruments pauvres, auxquels j’ai pensé avant la partition »De façon plus technique, Ennio Morricone parle de la construction des mélodies , en évoquant un thème du film de Henri Verneuil « Le clan des Siciliens » , dont il était l’auteur , avant de passer de la théorie à la pratique, sur un piano.
. ELIO PETRI, NOTES SUR UN AUTEUR ( 84 mn)
« Je viens d’une famille pauvre, très pauvre. D’instinct j’ai choisi , les travailleurs« .
Tout ce que vous avez voulu savoir sur Elio Petri, avec les témoignages exceptionnels de Robert Altman, Ursula Andress, Bernardo Bertolucci, Dante Ferretti, Ennio Morricone, Franco Nero et Vanessa Redgrave ! Des extraits de films accompagnent ce passionnant documentaire.
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