Paradis touristique pour les uns, enjeu géostratégique pour les autres, le détroit d'Ormuz est au coeurs de toutes les convoitises. Retour en image sur ce goulet d'étranglement par lequel transitent près de 30 % du commerce mondial de pétrole (et auquel nous avons consacré un reportage, le 9 juin 2010).
Crédit photo : Delphine Minoui.
Khasab, 18h. Bientôt, le soleil entamera sa plongée derrière les roches de ce petit port de pêche omanais, qui donne sur le détroit d'Ormuz.
De retour d'une virée en mer, des touristes occidentaux savourent leurs vacances.
La pêche a été bonne. Ici, dans ce décor de bout du monde, les eaux turquoises sont poissonneuses.
Soudain, un ronronnement de moteur brise la torpeur en trompe-l'œil de Khasab, située à 50 kilomètres des côtes iraniennes.
Khasab retrouve rapidement les vagues de la géopolitique. A bord de leurs vedettes rapides, les contrebandiers iraniens sont venus échanger chèvres et légumes contre cigarettes et produits électroniques, sous embargo américain.
« C'est un business risqué », nous raconte l'un d'entre eux, alors qu'il s'apprête déjà à repartir, à la nuit tombée.
L'obscurité permet de déjouer les patrouilles de la police iranienne à l'arrivée sur Bandar Abbas. Mais la traversée du détroit n'en reste pas moins risquée. En route, les vedettes iraniennes risquent de se heurter à l'un des nombreux pétroliers. Mais aussi aux navires de guerre iraniens et américains, qui se narguent dans ce détroit hautement surveillé. En fait, la principale crainte des marchands, c'est « l'atash » - le « feu » en persan : un embrasement régional, à l'heure du bras-de-fer sur le nucléaire iranien, qui pourrait mettre l'économie mondial à genoux. Et qui signerait l'arrêt de mort de ce petit business de la débrouille, qui alimente des dizaines de villages de part et d'autre du détroit d'Ormuz.