Ce travail, en exclusivité à la galerie, est né d’une conversation entre l’artiste et Christophe Gaillard à l’issue de la première exposition que la galerie lui avait consacrée, il y a deux ans. Arnulf Rainer effectue ici à la fois un travail de photographe, en prenant soin de recadrer les œuvres de Pierre Molinier, de les flouter, de les recomposer, d’en modifier les couleurs, les perspectives, les accents. Puis, selon sa technique habituelle, les photos sont d’abord sur-dessinées puis griffées, lacérées, rayées.
Rainer rend ici un hommage brillant à Molinier comme il a déjà su si bien le faire avec Michaux, Goya ou Van Gogh. Serait-ce l’obsession commune aux deux artistes de re-sculpter, re-dessiner leurs propres corps et leurs propres visages, cet « autoportrait impossible » comme pôle majeur du travail de chacun des deux artistes, qui fait de cette série un ensemble à la fois abouti, vif et mordant ? C’est l’hypothèse première de Jean-Jacques Lebel, qui a longuement préparé un entretien avec Arnulf Rainer, et qui s’interroge sur le lien entre les ratures, biffures, lacérations de son contemporain et les attaques violentes de certains intégristes de toutes époques.