Paris - L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) a jeudi accusé les autorités marocaines de "harceler, apparemment pour des raisons politiques, deux journalistes au franc-parler", Ali Amar et Zineb El Rhazoui, dans un communiqué reçu à Paris.
Ali Amar et Zineb El RhazouiAccusé de "vol d'un ordinateur" par une ex-associée française, Ali Amar a comparu jeudi à Casablanca, où son procès a été ajourné au 15 juin, la défense ayant demandé un report pour pouvoir "bien préparer le dossier", selon une source judiciaire.
"La police s'est emparée d'un différend d'affaires pour harceler et humilier deux journalistes audacieux", a déclaré dans un communiqué Sarah Leaw Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à HRW.
"La mauvaise conduite de la police augure mal du type de justice qui attend Ali Amar", a-t-elle estimé.
D'après l'organisation, basée à New York, qui cite le témoignage de l'intéressée, une quinzaine de policiers en civil ont forcé la porte de l'appartement de El Rhazoui le 4 juin peu avant 06H00 du matin, alors que Amar s'y trouvait, et ont perquisitionné les lieux sans lui présenter de mandat, donc "en violation apparente de la loi marocaine".
Selon le communiqué, la police, qui s'attendait à trouver Amar dans l'appartement, l'avait interrogé sur les accusations de vol à son encontre, mais aussi sur un livre qu'il a écrit, "Mohammed VI, le grand malentendu" (Calmann-Levy, 2009), un examen critique du règne du souverain marocain.
Il avait été placé en garde à vue le 7 juin et relâché le lendemain, après avoir été informé qu'il serait jugé à partir de jeudi pour vol suite à une plainte déposée par une ancienne associée. Il assure être en possession d'une facture prouvant qu'il est le propriétaire de l'ordinateur.
Zineb El Rhazoui, fondatrice du Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (MALI), ne fait pas l'objet de poursuites.
Tous deux ont collaboré au Journal Hebdomadaire, une publication indépendante qui a cessé de paraître en janvier pour non paiement de dettes.
"Les autorités marocaines doivent cesser le harcèlement, qui semble motivé par des raisons politiques, des deux journalistes au franc-parler", affirme HRW. 11 Juin 2010 / emarrakech.info/