Selon Frédéric Dupuch, directeur de l'Institut national de police scientifique (INPS), basé à Lyon, l’informatique et la génétique sont les principales avancées technologiques qui ont conduit à révolutionner la police scientifique. Apparue il y a seulement une vingtaine d’année, la biologie génétique a permis via les analyses d’ADN de résoudre de nombreuses enquêtes. À Lyon l’unité de génotypage est l’une des plus modernes d’Europe, qui peut traiter 20.000 profils ADN par mois. Ces expertises scientifiques sont utilisées sur les scènes de crimes, d’accidents de la route ou de cambriolages. «Pour un simple cambriolage, il est fréquent que soient relevées non seulement les empreintes digitales mais aussi les traces génétiques quand on trouve un mégot ou un chewing gum», explique le directeur.
Quand à l’informatique, Frédéric Dupuch estime que : « L'apport de l'informatique est presque plus important que celui de la génétique. Elle est omniprésente dans toutes nos disciplines. Sans elle, nous n'aurions pu traiter 220 000 dossiers en 2009. Au niveau du génotypage, les nouvelles technologies nous permettent « d'industrialiser » les analyses. Quelque 120 échantillons sont placés sur des plaques. Chacun d'eux est associé à un code-barres correspondant à un programme informatique.
En matière d'analyses de produits stupéfiants, les microscopes comparateurs sont reliés à des écrans sur lesquels les scientifiques peuvent faire bouger ou grossir l'image. Enfin, les nouvelles technologies deviennent également un champ de recherche. Alors que chacun croit avoir effacé un SMS reçu ou envoyé, nous sommes capables de retrouver au moins partiellement les traces de ces fichiers ». Et la science n’a pas fini d’apporter à la criminologie, avec notamment le développement de l'odorologie par exemple, qui est une technique empirique basée sur les traces olfactives que laisse un suspect, même si elle est encore difficile à établir comme élément probatoire en justice.
Il est par ailleurs nécessaire de rester vigilant quant à l’analyse de ces données biologiques « La preuve scientifique disculpe autant qu'elle inculpe", souligne le procureur Viout, s'interrogeant sur le fichage systématique de tous les citoyens. "C'est un choix de société à faire: soit donner une partie de son identité pour éviter les erreurs judiciaires, soit refuser au nom de la protection de la vie privée », commente-t-il. Le magistrat cite en exemple la résolution d'un viol vieux de 19 ans grâce au Fnaeg, qui avait permis d'établir qu'un ancien pompier, fiché en 2006 après une condamnation pour vol, avait également violé et tué une lycéenne en 1987 près d'Avignon. Cependant, « Une empreinte, digitale ou ADN, prouve seulement qu'une personne est passée là. A l'enquêteur de déterminer ce qu'elle y a fait, et pourquoi », souligne Christian Jalby, ancien sous-directeur de la police judiciaire chargé de la police scientifique. D'autant que l'évolution des techniques peut entraîner de nouvelles erreurs judiciaires. « Quand quelques dizaines de cellules suffisent à établir un profil ADN, quelles garanties a-t-on que la personne identifiée soit liée à l'affaire? Ces traces infimes peuvent avoir été transportées, par exemple par le contact d'une simple poignée de main », ou déposées « bien avant » le déclenchement d'une affaire, relève Dominique Brault, juge d'instruction à Lyon.
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