Au début, dans les prisons, les femmes étaient présentes à des postes administratifs les rendant invisibles pour la majorité des détenus. En 1982, une dramatique émeute dans un pénitencier à sécurité maximum, a été l’un des éléments déclencheurs favorisant l’arrivée des femmes parmi les agents correctionnels.
Jean-Pierre Bellemare, prison de cowansville Chronique du prisonnier
Travailler dans une prison pour hommes n’avait rien pour attirer les postulantes. Une amélioration des conditions de travail et une sécurité accrue ont suffisamment changé l’image du poste pour que plusieurs femmes se laissent tenter, même si leur intégration s’est effectuée progressivement.
Femmes gardiennes de prison, une menace?
À leur façon, les agents correctionnels, tout comme les détenus, ont signifié leurs griefs. Les gardiens en place n’étaient pas vraiment enthousiastes à l’idée d’accueillir des femmes parmi eux. Ceux qui ont participé à cette transition ont candidement avoué leurs réticences. L’arrivée des femmes fut perçue par plusieurs gardiens comme une menace à leur sécurité. La peur qu’une femme ne puisse assurer leurs arrières durant leur quart de travail justifiait, d’après eux, leur opposition. Étonnamment, ce n’est pas la sécurité des femmes mais la leur qui semblait primer.
Du côté des détenus, la résistance venait surtout de ceux qui étaient condamnés pour des crimes de violence conjugale. La position d’autorité d’une gardienne semblait les mettre hors d’eux-mêmes, entraînant des commentaires disgracieux et méprisants. En prison, les machos prolifèrent comme des bactéries. Les hommes roses sont plutôt du type rouge sang!
Femmes et diminution de la violence
Pourtant, le changement le plus important depuis l’arrivée des femmes dans le milieu carcéral, a été une diminution significative de la violence. Lorsque deux détenus se bagarrent, les gardiennes interviennent avec une approche beaucoup plus conciliante que répressive, désamorçant ainsi la crise. Les hommes perçoivent trop souvent la négociation comme une faiblesse, une remise en question de leur autorité. J’ai vu des gardiens pousser des femmes à bout par simple malice. J’ai vu des détenus faire la même chose.
Des gardiens ont refusé de travailler en équipe avec des femmes et des détenus ont refusé d’être fouillés par elles. Aujourd’hui, les choses se sont améliorées. L’augmentation des gardiennes dans les pénitenciers a fortement contribué à la diminution du stress en milieu carcéral.
Par ailleurs, ce n’est pas plus dangereux pour une femme de travailler dans un pénitencier que pour un homme. Elles ne sont pas des butch (femmes bucheronnes). Elles sont représentatives de ce que l’on peut retrouver dans une entreprise conventionnelle.
L’arrivée des femmes au pénitencier est comme un vent d’humanité. Malgré quelques exceptions, leur côté maternel permet une approche bienveillante. Il y a eu une nette amélioration des communications des deux côtés de la clôture, au bénéfice du bon fonctionnement des pénitenciers.
L’évolution du pouvoir de la femme dans la société ne s’est pas laissé ralentir par les murs de préjugés qu’ont érigés les pénitenciers.
VOS COMMENTAIRES SUR
Autres textes de prisonniers
Pénitencier: sexualité des prisonniers
Délateurs: traitement de faveur
Témoignage: Profils du meurtrier
Criminalité: l’abc
Vie carcérale: pas banale
Témoignage: les victimes de mon passé
1ere illustration, Zeck, 2e illustration, Mabi
Ce billet, ainsi que toutes les archives du magazine Reflet de Société sont publiés pour vous être offert gracieusement. Pour nous permettre de continuer la publication des textes ainsi que notre intervention auprès des jeunes, dans la mesure où vous en êtes capable, nous vous suggérons de faire un don de 25 sous par article que vous lisez et que vous avez apprécié.
Merci de votre soutien.
PUBLICITÉ
Graffiti Hip Hop de la scène de Montréal
Disponible Par téléphone: (514) 256-9000, en région: 1-877-256-9009
Par Internet: http://www.editionstnt.com/Livres.html
Par la poste: Reflet de Société 4233 Ste-Catherine Est Montréal, Qc. H1V 1X4.