Je dois avouer un faible pour la musique de Didier Labbé, surtout lorsque le plus connu des jazzmen toulousains rend hommage au plus célèbre des musiciens sud-africains. Hier soir, en quartet, augmenté du percussionniste Thale Makhene et du danseur Theo Ndindwa, il rendait écho à la musique d'Abdullah Ibrahim. On avait pu en avoir un aperçu lors des concerts que Didier Labbé fait en duo avec Grégory Daltin, avec une interprétation, à mon goût, très belle, de The Wedding (pour moi, c'était au bijou en automne dernier). Hier soir, l'écho rendu à Abdullah Ibrahim était fait de compositions du pianiste sud-africain et de compostions du quartet. Cet écho était celui d'une spiritualité et on entendait dans le déroulement musical l'attention portée par Labbé à Abdullah Ibrahim: figures thématiques avec une forte charge de spiritualité et beaucoup de mise en musique de son (ses?) expérience(s) sud-africaine(s) dont "Le Cap"et "Pas Cap" constituent les plus emblématiques. Mais il serait très réducteur de ne mettre en exergue que Didier Labbé. Theo Ndindwa y avait une place très importante et, à ce titre, il occupait la moitié de l'espace de la grande scène du Garonne. Je trouvais, dans cette expérience entre danse et musique, un écho à l'expérience présentée à Querbes entre l'ARFI et Vincent Mantsoe. Là aussi, musique, danse et Afrique du Sud. Cette rencontre, hier soir, était également physique quand la chorégraphie de Ndindwa croisait le saxo de Labbé ou encore le regard de Daltin tout tourné ou vers l'un ou vers l'autre. Ces regards étaient significatifs de l'osmose qui était en jeu. Mais, il serait injuste de ne pas citer (et même plus que citer) autant le percussionniste invité Thale Makhene que les autres membres du quartet: au tuba, Laurent Guitton, et à la batterie Jean-Denis Rivaleau. Et il serait carrément incohérent de ne pas mentionner le fait qu'Abdullah Ibrahim se produira, jeudi prochain, sur la prairie des filtres.
Tiens, d'ailleurs, pour faire plus que citer le concert d'hier soir, voilà qu'un clic sur play nous referait vivre quelques moments.
Gilles