Par Eddie Williamson - BSCNEWS.FR / Les Black Keys sont le meilleur duo de blues-rock en activité. Eh oui Jack, il faudrait peut-être arrêter de batifoler avec Alison et Karen, et nous pondre un nouvel galette des rayures blanches. Les Black Keys sont le meilleur duo de blues-rock en activité. Autant le dire deux fois puisque j’en suis sûre. Après Attack & Release, produit par Danger Mouse, et l’un des meilleurs albums de 2008, ils reviennent avec Brothers, produit par les frangins, et sa pochette inspirée de celle-ci. Moins psyché, plus pop, certains parlent de “retour aux sources”, c’est certainement un peu le cas, ce que j’entends c’est surtout un groupe qui a de la suite dans les idées.
Je pourrais continuer la comparaison avec Attack & Release assez longuement. Je résumerai ça en une métaphore sûrement foireuse : ce qui donne à Brothers ce côté pop, c’est cette impression de fraîcheur, le son est plus net, Dan Auerbach se lance dans des falsettos audacieux, certains morceaux sont carrément joyeux, et il n’y a qu’à regarder le clip de “Next Girl” pour comprendre que quelque chose a changé depuis Attack & Release.
Ce qui me fascine chez les Black Keys c’est leur capacité de trousser, comme on dit, aussi facilement des chansons blues et d’y coller des riffs de guitare simples, mais bougrement efficaces et qui rentrent dans la tête en un quart de seconde. Ils font ça avec une apparente facilité qui est proprement éblouissante. Brothers n’échappe pas à la règle, il n’y a aucun mauvais morceau.
L’album démarre de la meilleure des manières, les 3 premiers morceaux (dont “Tighten Up”, la seule production de Danger Mouse, qui aurait eu sa place sur A&R;) étant 3 des meilleurs du disque. La batterie est omni-présente, énorme, caverneuse parfois. Des riffs en pagaille, dans tous les coins, une virtuosité mélodique qui donne des morceaux comme “She’s Long Gone”, “I’m Not the One”, “Ten Cent Pistol”… Vous n’avez aucun effort à faire pour “rentrer” dans ces morceaux, absolument aucun, c’est du pur plaisir. Ils vous embarquent en 2 secondes et à la fin du morceau vous en voulez plus.
L’album étonne par toutes les expérimentations stylistiques que Dan Auerbach (voix, guitare) et Patrick Carney (batterie, production) se permettent. Il n’y a pas de virage stylistique à 90°, ce sont des petites touches par-ci par-là, un clavecin, mellotron (plein de claviers en tous genres en fait), la voix d’Auerbach (dont la justesse, la maturité, les possibilités encore inexplorées jusque-là sont la grosse surprise de ce disque) qui est plus belle que jamais, la production très claire et très soignée…
Ce sont des petites choses qui permettent de diversifier encore le son des Black Keys dont on pensait (c’était en 2007) qu’ils pourraient peut-être commencer à tourner en rond. Depuis il y a eu Danger Mouse, le projet Blakroc et maintenant ce Brothers. De la suite dans les idées, j’vous dis. J’peux pas m’empêcher de jeter une autre pique à Jack White, dont le dernier album avec The Dead Weather pèche justement par ce qui fait la force des Black Keys : la nouveauté et le plaisir. Ils refont même un tour très réussi du côté de la soul avec leur splendide reprise de “Never Gonna Give You Up” de Jerry Butler, la jolie ballade “These Days” et plus tôt dans l’album “The Only One” où, je me répète, Auerbach impressionne.
Il y a deux ans j’écrivais ne parlant des Keys que mon groupe préféré de blues-rock venait de changer de nom à leur profit. En deux ans, rien n’a changé. Ce Brothers, qui s’est classé 3ème au Billboard américain la semaine de sa sortie, est une grande réussite.
Sorti en mai 2010 chez Nonesuch Records
En écoute sur Deezer : http://lechoix.tk/g