[Critique cinéma] Sherlock Holmes

Par Gicquel

« Sherlock Holmes » de Guy Ritchie ( Warner )

3 out of 5 stars

Un beau matin , Guy Richtie s’est dit , je vais déboulonner une légende, j’ai des arguments pour et les moyens de les faire connaître. Il n’avait pas tout à fait tort , bien qu’un peu présomptueux dans les attendus de sa démonstration .

Deux compères , inséparables, malgré tout

Le personnage de Sir Arthur Conan Doyle, dépoussiéré de son archétype pépère et respectueux de l’ordre, m’a bien amusé dans sa veste de guingois et son œil faussement torve. Il voit tout ,il sait tout , mais il ne dit jamais rien ,attendant l’issue fatale pour nous révéler comment il a réussi une fois de plus à démêler l’intrigue .

Ses armes ne varient pas  : un sens aigu de l’observation et de la déduction, une érudition et une curiosité tous azimuts ; accessoirement, une droite redoutable…

Son acolyte de cérémonie, ce cher docteur Watson est tout aussi rajeuni sous les traits de Jude Law qui prend un malin plaisir à bouder son compagnon d’infortune , pour mieux faire la cour à sa belle , la belle Kelly Reilly. Le couple de détectives, pas au top, donc, réussit cependant à se retrouver dans les coups les plus rocambolesques  pour mettre fin aux agissements d’un mort vivant (pendu et ressuscité …)qui ne veut rien d’autres que dominer le monde.A l’approche de son exécution, ce sinistre adepte de la magie noire avait prévenu qu’il reviendrait du royaume des morts pour exercer la plus terrible des vengeances.

Je vous passe les allusions à quelques dictateurs, j’imagine au passage des références cinématographiques dont la plus  évidente et récente est quand même,le film de James McTeigue,  » V pour vendetta » (2005) (Holmes est un super héros du même acabit) avant de saluer une première heure captivante avec des dialogues affûtés sur une mise en scène huilée pour le bon spectacle. Plusieurs scènes sont pendables (on reste dans l’esprit du film) et la dérision ambiante nous fait rire ou sourire à plusieurs reprises. Dans le rôle titre Robert Downey Jr. est au diapason des attentes de son réalisateur , à cent lieues du personnage qu’il interprétait magnifiquement  dans «  Le soliste » de Joe Wright , un film à voir absolument ( dans ce blog).

Après quoi, Guy Ritchie s’emberlificote les manettes dans son histoire , qui devient un tantinet pesante .Dans un livre sacré se trouve le secret, etc, etc… A force de tirer sur la corde, ça devient longuet , et le film qui fait plus de deux heures aurait pu connaître quelques coupes salutaires , sans altérer le sel d’un récit d’aventures convenu. En gardant absolument  la scène de l’abattoir , must de dérision frissonnante , quand une autre belle Rachel McAdams , risque de passer à la casserole de la même manière que les cochons pendus qui la précède ( un phantasme chez Ritchie ) . Vous dire qu’elle en réchappera ne déflore en rien le sujet , encore que son double jeu lui vaudra quelques rappels à l’ordre de son «  ami » Holmes. Jusqu’au final , imaginé sur un pont en construction ,qui aujourd’hui fait les beaux jours de Londres et de ses touristes. Faussement haletante , cette conclusion en forme de morale héroïque est jubilatoire .