Tant il est vrai que « la déception est un sentiment qui ne déçoit jamais ».
Nous votons dans l’espoir de lendemains qui chantent, nous vivons ensuite dans leur attente et deux ans plus tard nous déchantons. Il en est ainsi quelle que soit l’élection, et quel que soit l’élu, de droite ou de gauche.
Pourquoi ? Parce que les convictions sont presque toujours le propre des électeurs, mais rarement celles des dirigeants.
Intronisé depuis quelques heures, et avant même de procéder à des élections législatives, donc hors de toute obligation, M. Sarkozy introduisait dans son gouvernement des personnalités socialistes, alors que les électeurs venaient de les éloigner : un ministre des Affaires étrangères aux fidélités politiques alternatives, convaincu que « l’ingratitude est un gain de temps » ; une secrétaire d’État à la Ville qui se flattait d’avoir voté pour son adversaire et qui, aujourd’hui encore, admet qu’elle en fera de même ; un haut commissaire qui imposera, avec le RSA, une institution coûteuse pour le budget du pays, avantage devenu acquis définitivement, quel que soit l’état de nos ressources ; des ministres de gauche jouant les (in)utilités, mais émargeant au budget de l’Etat…
Pour justifier ses nouvelles convictions, il fallait bien persévérer dans l’erreur : offrir le marchepied de la direction du FMI à celui qui sera son concurrent, et celui de la présidence de la commission des Finances à celui qui sera un futur ministre d’un gouvernement socialiste ; étoffer son gouvernement avec une personnalité contestée, chargée de la Culture ; emboîter, inutilement mais coûteusement, le pas d’un histrion de l’écologie…
« Bien sûr, nous eûmes des orages » … et « (nous avions) perdu le goût de la conquête» : les réformes promises ne furent pas accomplies. A défaut de la « rupture », nous retrouvâmes le train-train : des taxes supplémentaires sur tout ; une subvention par ci, un allégement par là ; tantôt un colloque, tantôt un « Grenelle » ; une recherche impossible d’un consensus pour justifier la dilution des convictions ; l’inflation des « petites » lois, faute d’avoir le courage d’imposer les mutations indispensables…
La fuite en avant grâce à la politique étrangère ? Elle ne fut que l’occasion de jeux de rôles pour la libération de quelques otages – au demeurant, à grands prix politique et financier - ; de spectacles, de conférences de presse laudatrices, seules nécessités qui vaillent. Sur le fond, elle resta ambigüe, pétrifiée devant les dangers évidents de l’intolérance religieuse comme M. Daladier l’avait été à Munich devant la progression du totalitarisme ; soumise aux diktats d’organisations internationales partisanes et irresponsables ; « disproportionnée », son mot-valise, pour l’appréciation des faits et ses sentences selon les pays concernés.
« Bien entendu, on (a) sauté sur sa chaise comme un cabri, en disant l’Europe !, l’Europe ! » et pour valider « cette grande impotente arrogante » : la tricherie du traité de Lisbonne ; l’inanité des représentants d’icelle ; les sommes allègrement octroyées depuis de nombreuses années pour permettre aux Turcs de devenir de « bons » Européens ; la pompe pour offrir à la Grèce l’argent que l’on n’a pas, et que l’on emprunte à cet effet.
L’Union pour la Méditerranée ? Le grand-œuvre du quinquennat : un château en Espagne pour habiter ses rêves, en faisant payer les loyers aux contribuables français.
Les sondages nous apprennent aujourd’hui que les deux tiers des Français sont déçus. En fait, ils sont toujours déçus, car ce qu’ils retiennent de l’exercice de la démocratie en France, c’est le flou, l’inconsistance, l’apparence, « le pas en avant et les deux pas en arrière » et, en définitive, une droite qui ne l’est pas, et une gauche qui est bien « gauche », c’est-à-dire … « maladroite ».
Gabriel Lévy, de l’Association des contribuables d’Aubagne