Bien sûr, les cinéphiles l'auront bien compris, je ne veux pas parler du carnaval qui envahira les rues de Lomme ce week-end. Je veux plutôt parler d'un film que j'ai eu l'occasion de revoir dernièrement, avec comme principaux acteurs Philippe Noiret et Roger Hanin. Ce film d'Alexandre Arcady date des années 80. Il raconte une tranche de vie de l'Algérie, celle du débarquement des troupes américaines en Algérie en novembre 1942. L'histoire qu'on voit se dérouler, une courte période de la vie d'une famille de pieds noirs, est aussi l'occasion de rappeler ce qu'était l'Algérie de cette époque : les colons qui exerçaient un mélange de paternalisme et d'autoritarisme pour conserver leur autorité, mais aussi les velléités d'indépendance que l'on sentait poindre à nouveau dans la population arabe. Le film se terminait d'ailleurs par l'évocation de la guerre d'Algérie, et la difficulté qu'eut la population pieds noirs a devoir accepter que d'autres puissent également revendiquer comme la leur ce qu'ils croyaient être leur terre. La position était déjà engagée, posait le problème, n'hésitait pas à montrer la dureté des colons envers la population autochtone.
Pourtant, pour autant que je me souvienne, lorsque je suis allé le voir au cinéma, les rues n'étaient pas obstruées de nervis m'empêchant d'entrer, il n'y eut aucune violence verbale. Nous étions alors bien loin de tout le cinéma qui a été fait par quelques députés UMP lors du festival de Cannes au sujet du film Hors la Loi qui évoque également une tranche de vie contemporaine de l'Algérie. Il y avait alors de la décence, de la retenue, de la tolérance et les artistes pouvaient s'exprimer librement dans leur art. Nous étions à mille lieues des dérapages médiatiques inconvenants et stupides auxquels il nous a été donné d'assister le mois dernier.
L'histoire est objet de mémoire. D'où la difficulté de l'évoquer. On ne peut pas changer le passé, mais l'assumer dans la dignité et la vérité.
Mais ce qui s'est passé dernièrement est malheureusement l'occasion de mesurer la régression dans laquelle s'enfonce petit à petit notre société. Il est temps de secouer le carcan de la décadence et d'apprendre à faire face à la réalité. Le monde ne s'en portera que mieux.