Mais enfin, quelle idée ! Parce que la Belgique vit quelques soubresauts qui ne seront sans doute qu’accentués par les résultats des élections de ce dimanche, certains s’imaginent ou rêvent de voir la Wallonie se rattacher à la France et devenir une de ses régions. Du Sud de la Belgique, la Wallonie passerait ainsi au Nord de la France. Il paraît même qu’une majorité de Français sont prêts à accueillir ces braves Wallons.
Soit. Mais qu’y gagnerait la Wallonie ? Elle deviendrait une région atypique, sans doute jamais vraiment acceptée. Les Wallons se retrouveraient dans un paysage politique où ils n’auraient pas grand chose à dire. Férus du « je fais comme j’ai envie de faire », comment pourraient-ils s’y retrouver dans un État fondé sur une centralisation à l’outrance des institutions ? Ne prenons qu’un seul exemple : imagine-t-on un seul instant les écoles wallonnes s’inscrire dans le système éducatif français ? Je sais que le surréalisme est typiquement belge, mais là on fait fort !
Je n’ai rien contre les Français, bien au contraire. Je reste cependant convaincu qu’un Wallon est plus proche d’un Flamand que d’un Français. Tout comme un Flamand est plus proche d’un Wallon que d’un Hollandais. C’est ce qu’on appelle la belgitude. On pourrait sans doute disserter sur le sujet… mais c’est ma conviction.
Les Wallons qui luttent pour le rattachement à la France – et il y en a de plus en plus apparemment – commettent selon moi une grande erreur stratégique. En réalité, le problème belge n’est pas « Wallonie contre Flandres ». Le problème, c’est Bruxelles. Si un rattachement de la Wallonie est concevable sur papier, il me semble évident qu’il se ferait sans Bruxelles, car Bruxelles est une ville (ou une région) bilingue. La minorité flamande de Bruxelles doit aussi pouvoir se retrouver dans les nouvelles structures. Comment le pourrait-elle si elle était annexée à la France ? Défendre le rattachement de la Wallonie à la France, c’est lâcher Bruxelles. Les Flamands n’attendent que ça. Or, c’est là le véritable enjeu, tout en étant d’ailleurs la véritable difficulté de la situation belge.
Ce billet n’énonce qu’un sentiment diffus. Il faudrait plus de temps pour développer les arguments. Il faudra peut-être le faire à plus ou moins court terme !
Au bout du compte, tout cela ne me regarde peut-être pas, moi qui suis un francophone vivant en Flandres. Tous les jours, je passe la « frontière linguistique » qui deviendrait de la sorte « frontière d’États ». Jusqu’à présent, je n’ai jamais très bien vu où était cette frontière (sauf à regarder le revêtement de la route). Finalement, je ne tiens pas à le voir plus !