Un récent article du Figaro évoque le « dégel » des relations entre Sarkozy et Bayrou. Mais est-ce un « dégel » purement idéologique ? Ou une entente cordiale en vue de 2012 ? Comme toujours, on nous raconte des histoires…
Ce titre, aujourd’hui, dans Le Figaro : Entre Sarkozy et Bayrou, le dégel se confirme. Mais y a-t-il déjà eu un gel, entre eux ? Entre un centriste de droite et un droiteux rassembleur en 2007 ? Il est surtout limpide que Bayrou, voyant ses forces diminuer et ses chances à la présidentielle en 2012 se réduire comme peau de chagrin, a décidé de se rapprocher de Sarkozy, l’homme de pouvoir, pour en avoir un peu plus. De son côté, Sarkozy est bien conscient que se rapprocher de Bayrou lui permettrait de gratter quelques voix, lui qui en aura tant besoin en cas de second tour, face à un centre-gauche uni.
Pourtant, et certains journalistes sont complices, on continue de nous montrer le dessus des cartes. Dégel entre Sarkozy et Bayrou ? Alors qu’il est acquis que Sarko et Bayrou appartiennent à la même classe, ont des différends idéologiques à géométrie variable (la preuve), fréquentent les mêmes lieux depuis des années… Ils s’opposent médiatiquement, mais il y a fort à parier que lorsqu’ils se croisent dans un couloir, l’agressivité est loin (pourtant, les mots qu’utilisent Bayrou dans son pamphlet anti-sarkozyste, Abus de pouvoir, laisseraient présager le contraire).
Ce qui les rapproche par-dessus tout, c’est peut-être leur obsession commune : la Présidence de la République. Des atomes crochus qui rapprochent. Tous solidaires quand il s’agit d’accéder au pouvoir !
A ce titre, parler de « gel » ou de « dégel » entre deux hommes politiques est pour le moins ambigu, et peut-être mensonger. Cela laisse croire qu’il y a ou non des affinités entre les personnes et leurs convictions. En réalité, la plupart des « liens » qui se créent dans le monde politique sont fonction de la configuration des pouvoirs sur l’échiquier. On est loin de Roméo et Juliette, ou même d’Hamlet et Horacio.
La Secret story de Martine
Ce goût du machiavélisme qui n’ose pas dire publiquement son nom, peinturluré en surface de nobles ambitions, peut rappeler une brève du Canard enchaîné de septembre 2009, intitulée « Secret Story », dans laquelle Aubry se plaignait de fuites dans la presse sur une réunion qui devait rester confidentielle. Selon l’hebdomadaire satirique, Aubry n’avait pas caché sa colère. « Je ne veux rien dans la presse. Rien, vous m’entendez ! C’est tous des connards. Si on veut avoir une chance de s’en sortir, il faut garder le secret absolu sur notre rencontre et l’organisation de la consultation des militants. »
Ce goût de la dissimulation n’a aucun sens, quand on sait que la plupart des Français, aimantés par leur vie quotidienne, se moque comme d’une cerise des ambitions plus ou moins avouées de tel ou tel politicien. Pourtant, le manège continue. Mais chut ! Que nos secrets de Polichinelle ne s’ébruitent pas !
N’en parlons pas trop fort car les électeurs pourraient s’en rendre compte. Racontons-leur des histoires, qu’ils y croient tout à fait ou non, peu importe ; le temps qu’ils digèrent et analysent celles-ci, ça les occupe assez pour que leur réaction reste inexistante. Exemple d’histoire, de roman, de bobard : « Sarkozy-Bayrou : le dégel. » Bonne lecture, la suite à l’approche des prochaines élections.
Dire des salades au peuple, c’est vieux comme le monde…
Cet embellissement de la réalité, dans les journaux, les livres-confessions, les entretiens au « 20 heures », on l’appelle aujourd’hui le story-telling ; expression assez ridicule. Car à notre époque, on croit découvrir une nouvelle chose en inventant un nouveau mot pour la désigner. Mais le « story-telling » est vieux comme le monde.
L’allégorie de la caverne de Platon est suffisamment précise et précieuse sur ce point (livre VII de La République). Selon celle-ci, la majorité de la population passe son existence pieds et poings liés, dans une caverne, les yeux rivés sur des jeux d’ombre, au mur. Car leurs tyrans disposent d’un feu et font passer entre celui-ci et les parois de la caverne des objets, de manière à captiver l’attention des sujets, qui ne réalisent pas qu’ils sont prisonniers. Le philosophe est celui qui va accompagner l’esclave à progressivement se libérer de ses chaînes et sortir de la caverne, au dehors, où il aura tout loisir de contempler le monde des idées.
On peut bien sûr discuter sur la réelle teneur de ce « monde des idées ». Quoiqu’il en soit, le « dégel » des relations entre Sarkozy et Bayrou fait penser à l’une de ces ombres portées, l’un de ces signes des temps apparemment superficiels, mais mettant à nu, en creux, la grande illusion démocratique.
On peut toujours se consoler d’une chose : derrière le grand feu du mensonge, les années de présidentielles, comme 2012, permettent au moins de réchauffer les cœurs entre ceux qu’on croyait être des « ennemis jurés ».
Crédit photo : destempsanciens / Flickr
Ce titre, aujourd’hui, dans Le Figaro : Entre Sarkozy et Bayrou, le dégel se confirme. Mais y a-t-il déjà eu un gel, entre eux ? Il est surtout limpide que Bayrou, voyant ses forces diminuer et ses chances à la présidentielle de 2012 comme de plus en plus ténues, a décidé de se rapprocher de Sarkozy, l’homme de pouvoir, pour en avoir un peu plus. De son côté, Sarkozy est bien conscient que se rapprocher de Bayrou lui permettrait de gratter quelques voix, lui qui en aura tant besoin au second tour, face à un centre-gauche uni.
Pourtant, et certains journalistes en sont complices, on continue de nous raconter le dessus des cartes. Dégel entre Sarkozy et Bayrou ? Alors qu’il est tout à fait envisageable que depuis l’élection de Sarkozy, Bayrou et lui appartiennent à la même classe, dînent à peu près aux mêmes endroits, fréquentent les mêmes lieux.
Ca peut rappeler une brève du Canard enchaîné de septembre 2009, que voici :
Secret story
« On arrête tout ! Je m’en vais ! » Réunie avec ses fidèles, le 28 août dans la cuisine du pavillon de François Lamy à Palaiseau, la maire de Lille a fait une grosse colère. Motif : la rencontre devait rester secrète, or « Le Canard » avait cherché à s’informer en contactant plusieurs convives. La première secrétaire l’a appris et aussitôt tempêté : « Je ne veux rien dans la presse. Rien, vous m’entendez ! C’est tous des connards. Si on veut avoir une chance de s’en sortir, il faut garder le secret absolu sur notre rencontre et l’organisation de la consultation des militants.«
On appelle aujourd’hui cet embellissement de la réalité, le story-telling ; expression ridicule. Souvent aujourd’hui, on croit avoir découvert une nouvelle chose parce qu’on a inventé un nouveau mot – c’est un des penchants juvéniles de notre époque, dans sa hâte, que de croire réinventer et réargumenter tout ce qu’on sait déjà ; la science arrive souvent à des conclusions que le bon sens paysan tenait déjà pour acquis. Le « story-telling » est vieux comme le monde.
L’allégorie de la caverne de Platon est suffisamment précise sur ce point. Selon celle-ci, la majorité de la population passe son existence pieds et poings liés, dans une caverne, les yeux rivés sur des jeux d’ombre, au mur. Car leurs tyrans sont derrière un feu, et font passer entre celui ci et le mur des objets, de manière à captiver l’attention des sujets. Le philosophe est celui qui va accompagner l’esclave à progressivement quitter ses chaînes et sortir de la caverne, sortir dehors où il aura loisir d’observer le monde des idées.
Aubry galère depuis son arrivée à la tête du PS pour asseoir son autorité, et pour être appréciée des militants. Son unique ambition, bien évidemment, comme tout politicard, est d’être candidate à la Grande Election pour bander un peu sous le plus fameux bureau de France.
Cet espèce de goût pour la machination, pour les messes basses, pour les rencontres secrètes, quelle pantalonnade. Alors que chaque journaliste est au courant, et que les Français, aimantés par leur vie quotidienne, se moquent comme d’une cerise de savoir si tel ou tel ambitieux complote dans son coin… Les Français s’en foutent, mais prenons toutes les précautions possibles pour qu’ils ne soient pas au courant.
J’imagine qu’ils se sentent davantage puissants en faisant semblant de se cacher. Comme en cours préparatoire : on réunit quelques copains pour lâcher un ragot, et on croit alors faire partie des « initiés ». Jeux d’influence, jeux de pouvoir, jeux de troupeau.
Ils se croient au centre de tout ces politicards, mais oeuvrent peu, sinon pour satisfaire une sorte de défi personnel, obsessionnel, pathétique. Ils ne sont qu’au centre de leur ambition vampirique. Tout juste si, au moment des élections, la masse des citoyens commence à se demander laquelle des affiches il préfère, et encore, vaguement, d’un mouvement d’humeur la plupart du temps. Celui qui passe le mieux à la télé l’emporte.
Pourtant le manège continue. Le consommateur croit être citoyen avec son droit de vote qu’il use avec parcimonie, le politicien simule la grandeur d’âme alors qu’il est obsédé par son futur poste. Mais chut ! Ne pas le dire car les Français pourraient s’en rendre compte. De toute éternité, les agissements humains baignent dans le ridicule.