"Je ne pense pas que le gouvernement puisse ramener le déficit à 3 % d’ici à 2013. D’ailleurs, je suis convaincu qu’il le sait très bien. Il lui faudra trouver entre 20 et 30 milliards par an à partir de 2011, en dépenses ou en recettes, s’il veut vraiment atteindre cet objectif. Il serait mieux de le faire avec des économies, mais l'augmentation des recettes est sans doute inévitable, ne serait-ce que par des mesures déjà annoncées, telles que la réduction des niches fiscales ou l'allongement de la durée du travail
(…) Tout l'Occident, Japon et Etats-Unis compris, est menacé de perdre la confiance des prêteurs. Le Japon est protégé parce que la totalité de ses prêteurs sont japonais. Les Etats-Unis sont protégés parce qu'ils ont la plus grande armée du monde. L'Europe, au contraire, qui est moins endettée que les Etats-Unis et le Japon, est menacée parce qu'elle emprunte à l'extérieur et parce qu'elle n'a pas d'autorité politique propre" a déclaré Jacques Attali lors d’un tchat organisé sur Lemonde.fr.
La crise renforce l’urgence des réformes
Deux ans après la remise d'un premier rapport ne contenant pas moins de 316 propositions pour "libérer la croissance", la commission Attali a été relancée pour travailler sur la sortie de crise. Hier, elle a rendu un prérapport au président Nicolas Sarkozy dans lequel elle estime qu'en l'absence de réformes pour "stimuler l'innovation, l'emploi et équilibrer les finances publiques", la France de 2020 se trouverait dans "une impasse économique, financière et sociale".
Selon le rapport, la crise n'a fait que renforcer l'urgence des réformes. La France souffre aujourd'hui d’handicaps structurels profonds : "un niveau d'éducation qui régresse, des performances médiocres en matière d'emploi, un manque de confiance des Français dans la communauté de leur destin."