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35 kilos d'espoir - anna gavalda

Par Tinusia

35_KILOS_D_ESPOIR"Mon cher, très cher, terriblement cher, Grand-Léon !

Ça fait sept ans qu'on ne s'est plus revus ! Sept ans que tu me manques !

Ton Toto a 21 ans maintenant, et il pèse un peu plus que 35 kilos. La dernière fois que nous nous sommes rencontrés, j'étais dans ce lycée professionnel près de Valence et toi, tu étais venu me rendre visite... ta dernière visite.

Tu sais, Grand-Léon, je suis content que tu aies lu le petit mot que j'avais gravé sur ton établi, dans le cagibi, tu te rappelles ? Le jour où tu étais si fâché après moi, parce que j'avais été mis à la porte du collège. Mais même si je ne t'avais pas demandé de m'aider, tu l'aurais fait quand même ! Parce que comme grand-père, Grand-Léon, t'étais quand même un peu super !

Heureusement que tu as toujours été là pour me soutenir, à l'époque où je n'aimais pas l'école. Tout ce qui s'y passait, c'était comme du chinois pour moi. Ça ne m'intéressait pas. Comme l'avait écrit Marie, ma maîtresse de grande section de maternelle, j'avais la tête en forme de passoire, des doigts de fée et un cœur gros comme ça. Mais c'est pas ça qui faisait que j'avais envie d'aller à l'école !

Oui, heureusement que tu étais là, Grand-Léon ! parce que mes parents ne m'aidaient pas beaucoup ! Ils ne faisaient que se disputer à cause de moi. Enfin, non ! Pas à cause de moi, c'est toi qui m'as expliqué ça : c'est entre eux que ça n'allait pas !

Et puis, toi, tu avais compris ce qui m'intéressait vraiment : je voulais inventer, créer. Et c'est pas parce qu'on ne sait pas écrire, ni compter qu'on ne peut pas avoir le l'imagination !

Et c'est POUR TOI, Grand-Léon, que j'ai réussi à me dépasser. Parce que toi, tu as toujours cru en moi ! Même quand j'ai été admis dans ce Lycée professionnel et que tu es tombé malade, tu me portais de tes espérances ! Tu as toujours eu confiance en moi, même dans les moments les plus difficiles. et c'est grâce à cette conviction que j'ai pu triompher de mes difficultés.

Il y a sept ans, tu es parti, mon Grand-Léon, mon grand-père adoré ! Mais tu as laissé dans mon cœur toute la force et l'énergie qu'il me fallait pour réussir !

Grégoire

PS n°1 - La machine à éplucher les bananes que j'avais inventée quand j'avais sept ans... elle fonctionne ! Elle est commercialisée, maintenant !

PS n°2 - Je viens d'obtenir le premier prix du Concours Lépine ! De là où tu es, tu peux continuer à être fier de moi !

Ce roman d'Anna Gavalda ranime la conversation que nous avons eue, Emmyne et moi, autour de celui d'Élise Fontenaille, L'été à Pékin. Nous avions évoqué le concept de l'idéologie dans la littérature, et plus spécialement dans la littérature pour adolescents.

Grégoire est un enfant "ordinaire", avec des soucis "ordinaires" de jeune en difficulté scolaire. Pauline, elle, appartient à un milieu social "favorisé" et avec des soucis d'enfant nanti...

Les deux romans transmettent des messages très différents : c'est avec l'estime de soi que Grégoire doit se mesurer. Pauline, elle, est inscrite dans la stéréotypie de la fifille à papa-maman qui fera quelques efforts pour avoir le droit d'aller passer de chouettes vacances à Pékin, chez sa copine.

Grégoire, lui, devra se battre pour réussir SA VIE, pour grandir, pour se construire. La confiance raisonnée que lui accorde son grand-père va l'inviter à la performance et au développement de sa personnalité. Il est sensible au regard que porte sur lui ce grand-père, sensible à la perception qu'il a des compétences de l'enfant.

C'est à cela que je faisais allusion en débattant avec Emmyne.


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