Alors elle dessine*. (Spéciale dédicace à griffes) Une belle...

Alors elle dessine*. (Spéciale dédicace à griffes)

Une belle histoire de résilience par l’art, racontée avec beaucoup de poésie et de sobriété par Marie-Sabine Roger. Le livre s’appelle Une poignée d’argile, et il est a priori adressé à des adolescents. Je le conseille à tous.

C’est l’histoire pas si simple d’une adolescente qui vit dans un foyer où l’on ne parle pas et où soudainement, le père disparaît. Le tête-à-tête avec la mère s’avère douloureux, puisque les deux souffrances demeurent solitaires, et bientôt antagonistes. 

Alors, miraculeusement, par un petit coup de pouce du destin comme il faut savoir en saisir parfois, l’héroïne découvre le “jardin défendu”, à côté de son collège, et progressivement investit les lieux, en fait sa retraite. Elle commence à y écrire des poèmes, à dessiner des visages figées, des jungles oppressantes, des rues vides…

“Ce jardin et moi, nous nous ressemblions. Nous avions en commun d’avoir connu la rigueur, les tuteurs, les principes. D’être aujourd’hui à l’abandon. Ce n’était pas qu’un lieu inaccessible. C’était un jardin condamné. Condamné au silence, à l’oubli. À la tranquillité. Je respectais cela. Ici, je ne me sentais pas intruse. Au contraire, je n’avais jamais ressenti un tel accord parfait, entre le monde et moi. J’aimais ce jardin. Il m’aimait. C’était aussi simple, aussi fou que cela.”

Elle enrichit sa palette : amène de la peinture, des rubans, de la colle, de l’argile. Et elle découvre la joie de créer en même temps que le pouvoir de trouver le beau où il est caché, guidée habilement par un étranger, le fleuriste. C’est le début de sa construction et de son sauvetage de l’adolescence ; elle grandit, elle oublie ce qu’il faut oublier, sans se retourner.

Photographie de C.-04.

*En bonus, vous pouvez écouter la chanson poignante de Mademoiselle K : Alors je dessine, ici, en version acoustique (déjà postée, mais on ne s’en remet pas).