« Gainsbourg, vie héroïque » un conte de Joann Sfar
Avec Eric Elmosnino, Laetitia Casta, Ana Mouglalis, Lucy Gordon, Mylène Jampanoï, Sarah Forestier
Sortie cinéma, le 20 janvier 2010
En dvd depuis le : 1 juin 2010
Le film
3 out of 5 stars
Les bonus
3.5 out of 5 stars
La période reggae a été reconstituée sur les plages du ... Nord de la France
C’est un conte prévient le générique . On dit que Jane Birkin tenait beaucoup à cette mention, afin de se dédouaner d’une histoire qui ne lui ressemble pas forcément . L’authenticité du film n’est pas toujours de mise et l’évidence, me réjouit. Un biopic rajouté à des films et documentaires, ne ferait qu’empâter une légende qui ne demande plus grand-chose aujourd’hui. Elle vit par elle-même et basta.
Alors l’idée de Joann Sfar est intéressante . De cette vie héroïque il en fait une fable dans un monde fantastique au sens où Tim Burton l’imagine . Et je me dis que tout l’aspect fantasmagorique du film revu et corrigé par l’auteur de Alice au Pays des Merveilles, aurait eu une toute autre allure.Mais Sfar tout imprégné par sa planète BD ( « Le chat du rabbin » , c’est lui ! ) donne une plastique très réelle à son environnement ; notre héros est bien « vivant » .
C’est le mélange des genres et des époques que pour un premier film Sfar réussit plutôt bien , ajoutant à ses visions oniriques des pointes de réalisme aussi inattendues que drôles. C’est particulièrement vrai dans la première partie , où Lulu petit juif , inconscient du danger qui le guette, est un enfant lunaire , déjà dans la marge , déjà rebelle à l’autorité qui le convoque pour le port de l’étoile jaune .
Les grandes périodes de la vie gainsbourgienne sont ainsi convoquées entre vérité documentaire ( l’affaire de « La Marseillaise » version reggae ) et entre-deux sentimentaux, le volet à mes yeux le plus proche du pastiche et de la caricature.
Laetitia Casta en BB retrouvée , Anna Mouglalis troublante dans la peau de Juliette Greco ou Sara Forestier dans la période nunuche de France Gall, elles sont toutes très , très bien.Mais au jeu des ressemblances , je préfère celui de l’intime confession d’un artiste protéiforme , qui se révèle totalement sous les traits d’un autre grand comédien , à ce jour quasiment inconnu au cinéma. Eric Elmosnino, 46 ans est avant tout un homme de théâtre, et ses apparitions sur grand écran sont plutôt fugaces avec Olivier Assayas (L’Heure d’été), Bruno Podalydès (le clochard de Bancs publics (Versailles rive droite) et « Bernie » ( dans ce blog ), où il interprète le vendeur de vidéo.
On sait depuis que Lucy Gordon dans le rôle de Jane Birkin a mis fin à ses jours , à la veille de ses 30 ans . Dans le film qui lui est dédié ,elle chante un titre peu connu de Gainsbourg « Le Canari est sur le balcon ». « Avant d’ouvrir le gaz elle pense à son canari / Avant d’en finir une fois pour toutes avec la vie… »
Une scène à la fois hilarante et très émouvante dans un pensionnat où le jeune Gainsbourg a passé deux ans
Bonus :
Making of de 35mn
Un très bon reportage qui nous permet d’en savoir un peu plus sur le rôle-titre , pas très fan du chanteur « mais au fil du temps je le suis devenu . Entre l’annonce que je ferai le film et le premier jour de tournage , il s’est passé un an, j’ai eu le temps de m’y faire sans pression. De temps en temps je lisais quelque chose, j’écoutais des chansons et après je passais à autre chose ».
Un état d’esprit qui convient au réalisateur : « il ne connaissait pas Gainsbourg ,ça voulait dire qu’il ne serait pas écrasé par ce personnage. »
Le making of développe aussi beaucoup l’aspect interprétation des chansons « qui ne collent jamais à la version originale. Et tous les comédiens chantent » insiste Joann Sfar. On les écoute dans les studios d’enregistrement, alors que deux scènes ont été enregistrées live , le compositeur Olivier Daviaud se trouvant au piano près du plateau où jouent Gainsbourg et Bardot .
Les effets ( notamment l’incendie ), le maquillage ( d’une importance capitale ) ou la façon de choisir les vêtements ( surtout pas de reconstitution à l’identique ) , c’est vraiment l’envers du décor qui se révèle ici , et c’est aussi passionnant que la façon dont ce film a été construit . Une œuvre qui peut déroutée, agacée, mais , passionnante.
4 scènes coupées
Effectivement elles n’apportent pas grand chose au récit, mais les découvrir demeure un beau cadeau
Commentaire audio de Joan Sfar