En prime, on nous offre même un peu d'Histoire, en évoquant sa construction en 1707, sa gloire sous six empereurs Tch'ing, et sa mise à sac le 18 octobre 1860 "en représailles de la torture et de l'exécution de près de 20 prisonniers Européens et Indiens".
Entre parenthèses, j'aime aussi beaucoup la phrase de conclusion: "un employé du Bureau de gestion de l'Ancien palais d'été, qui n'a accepté de donner que son prénom, Kouo, a décliné tout commentaire sur le plan de développement." Ca c'est de l'information haute densité. Mais revenons à nos moutons.
Et admirons la belle impartialité de l'article.
Des deux père jésuites Guiseppe Castiglione et Michel Benoist, qui en ont dessiné jardins et bassins pour l'Empereur, pas un mot - qu'est devenue leur contribution? Si l'effacer n'ajoute rien à l'acte de barbarie franco-anglais (il ne reste presque rien des 95% du Palais d'architecture chinoise, et seulement quelques ruines des 5% à l'Occidentale), la mentionner risquerait (le craint-on?) d'allévier le ressentiment que l'affront laisse à ressentir.
Mais, continuons. Pour bien s'étonner dans les tranchées, une anecdote. Il y a deux ans de cela, en stage linguistique à Pékin (et oui, je croyais qu'un mois suffisait pour booster son Chinois), je visite avec Guillaume un temple sympathique, nommément "Temple du Pic de l'Est". Une centaine de belles statues peintes. A la fin de la visite, sur un panneau, bien dissimulée, la mention que le temple a été reconstruit en 1999. Ca jette un froid.
Alors je m'étonne. Ca pourrait être cool de dire que le Temple a été détruit par ces Barbares de... mais quels barbares au fait? Détruit par des compatriotes, oui. Ou détruit par le feu, le vent, la pluie, le temps.
Pas un temple que les intempéries battant sa structure de bois, ou les guerres civiles et fureurs intestines, n'aient mis à bas une ou deux fois. Tous se sont effondrés, un moment ou l'autre, sous la barbarie du Ciel ou des hommes.
Mais seul l'Ancien palais d'été a droit à cette belle mention du nom de la main qui l'a détruit. Au point que cette destruction est déjà une création, celle d'un objet de ruines en soi.
Alors disons-le: bien avant Derrida, les troupes anglo-françaises ont déconstruit l'Ancien palais d'été.
Et ne faites pas comme Christian: un peu de respect, quoi !