Cheveux longs et idées courtes

Publié le 10 juin 2010 par Thebadcamels

Il y a quelques jours déjà, je tombais par hasard sur un numéro récent de ce respectable hebdo qu’est le Nouvel Obs. En découvrant la une de ce numéro consacré aux intellectuels, une chose me frappe : sur les 9 présumés intellos présentés en couverture, plus de la moitié arbore une longue chevelure, de la crinière vantarde d’un Ferry au brushing d'un BHL en passant par la coupe sauvage d’un Bruckner (et encore, Glucksmann ne figure pas parmi la sélection…). Alors certes, cette observation n’est pas nouvelle, mais comme elle est également souvent applicable aux musiciens et artistes en tout genre, elle mérite qu’on s’y attarde, car qui d’autre qu’un Bad Camel se soucie d’être un intellectuel stylé ?


Tout d’abord, la première raison qui vient à l’esprit pour comprendre ce « hair statement » est évidemment biblique. Samson tirait sa force de sa crinière et s’il ne s’était fait abusé par la sensuelle Dalila, il régnerait encore aujourd’hui sur les méchants philistins et qui sait, sur le monde. Tel Samson, les intellectuels conserveraient alors leur puissance intellectuelle dans leur masse capillaire ou du moins le penseraient.

Mais on peut aussi voir ce sujet sous un autre angle, car au travers de cette démarche (car c’en est une), il y a l’idée que les cheveux longs véhiculent l’idée d’une certaine liberté, liberté de pensée en l’occurrence. Tout comme un prof de philo de prépa m’avait enchanté en professant un jour qu’aucun génie ne sortirait jamais d’une chambre bien rangée, tout au plus un bon élève, aucun génie ne sortirait d’une coupe en brosse, tout au plus un fonctionnaire !

Toutefois, il convient de remarquer que ce constat n’a pas toujours été vrai, ne serait-ce qu’au XXème siècle. En effet, Sartre, Revel, Camus ou Aron (autant d’intellectuels au passage dont on se demande encore qui sont leurs descendants) ne sont pas pour illustrer mon propos. Et si on étend à tout le champs de la création intellectuelle, artistique notamment, de Bartok ou Stravinsky à Dior ou Balmain, on en vient à faire le triste constat que nous sommes en présence d’une mode navrante davantage que d’une loi universelle ! Les cheveux longs de nos intellos seraient alors simplement l’apanage des nouveaux philosophes et de quelques autres contemporains, en attendant la relève, intellectuelle et stylistique...

Très bien, qu’il en soit ainsi mais mode ou pas mode, il y a des règles à respecter et porter une longue chevelure ne se décrète pas comme cela. Laissez-moi donc vous énoncer les quelques règles qui régissent le port d’un tel atour si je puis dire :

  1. La propreté ainsi qu’un bon coiffeur sont le premier commandement à respecter pour ne pas passer pour un clochard échappé de la station Châtelet ou pour Lorenzo Lamas.
  2. Ensuite, inutile d’envoyer dès l’âge de 25 ans la coupe BHL car le cheveu doit s’allonger avec l’âge (en revanche, la chemise blanche Charvet elle, peut être adoptée dès le plus jeune âge).
  3. Il convient enfin d’avoir une implantation de cheveux qui permette de mettre en place une crinière des plus stylées : celle d’un Villepin ou d’un Robien, et d’éviter la coupe « fan de métal pré-pubère » ou junkie new age que même Johnny Depp et Brad Pitt n’arrivent pas à imposer.

Pour finir, je prie nos lecteurs de pardonner le côté élitiste voire sectaire de cet article, qui de fait, isole ceux qui n’ont pas attendu la cinquantaine pour se faire faire des ordonnances de Propecia et n’auront au final que le choix entre la coupe golf Nicolas Cage, la monacale ou tout simplement l'absence de coupe, conséquence de la présence de gênes forts malveillants ! Les hommes ne naissent définitivement pas égaux...