Relance : le bal des mensonges

Publié le 09 juin 2010 par Lecriducontribuable

Les plans de relance se succèdent et se ressemblent dans toute l’Europe et c’est vraiment le bal des mensonges. Il y a les mensonges purement factuels et puis les théorèmes mensongers.

Il y aurait, parait-il, une crise mais ce n’est pas du tout sûr et où est la vérité ?  En tout cas la situation quelle qu’elle soit offre une occasion unique pour les Hommes de l’Etat d’appesantir leur lourde main sur les autres et, en fait,  d’augmenter leur pouvoir dictatorial.

Ce pouvoir dictatorial s’exerce en particulier par ce que l’on peut appeler la technique des compteurs. Dans l’usine à gaz universelle, qui existe évidemment en France mais également dans tous les pays, les dirigeants s’imaginent en manipulant tel ou tel compteur de créer du gaz  là où il y en n’a pas. Un pays encouragera le bâtiment, un autre encouragera l’industrie,  un autre les services, chacun  selon  le propre bon plaisir des gouvernements.

En France le pouvoir jure qu’il n’augmentera pas les impôts et simultanément il promet de raboter les niches fiscales à concurrence de 10 %, ceci  dans un nuage de réglementations impossibles à comprendre ; c’est donc bien un mensonge total car raboter les niches c’est augmenter ouvertement les impôts. La terminologie courante porte les traces de cette  technique des compteurs ; il est question de « dispositifs », de « pistes », de mesures  et même de « tuyaux ». Les tuyaux sont un dispositif imaginé pour faire parvenir directement une ressource fiscale nouvelle vers une catégorie précise de personnes ; en fait l’argent arrive rarement  ou en faible quantité vers les bénéficiaires, une grande partie  étant ramassé, vite fait bien fait, par les hommes publics embusqués dans l’affaire : il y a donc mensonge !

Au titre des théorèmes, la théorie la plus en vogue concerne la croissance et celle-ci devrait s’inscrire dans le PIB. Or, ce prétendu PIB est une quantité évanescente qui n’existe pas dans la réalité objective et n’est qu’une chimère de plus. Si à Londres un Gentleman épouse sa cuisinière le PIB baissera puisqu’il y aura un salaire en moins ; et pourtant la richesse augmentera pour au moins deux raisons : d’abord il y a une Lady de plus, ce qui n’est pas rien, et ensuite elle mijotera des petits plats  bien meilleurs qu’avant dans son statut de cuisinière !  Mais infiniment d’autres méthodes et données
rendent tout à fait incertain le PIB. Un seul exemple, parmi beaucoup d’autres,  est le suivant :  si le nombre de fonctionnaires augmente, le PIB augmente en proportion, ce qui est tout à fait intolérable puisqu’en fait la richesse générale diminue quand la sphère privée recule.

En tous cas, la croissance, selon la Pensée Unique Totalitaire (P.U.T.), implique absolument une augmentation du PIB, bien que cette donnée soit inexistante ; admettons provisoirement. C’est là que le plus gros mensonge apparaît. Les dirigeants,  surtout au plus haut niveau, dans chacun des Etats européens, clament à l’envi que si le PIB augmente tous les problèmes trouveront leur solution y compris le chômage, y compris les déficits. Les ordinateurs tournent alors comme des fous et les gouvernements lancent sur les ondes un certain pourcentage d’accroissement annuel du PIB à partir duquel tous les malheurs se résoudraient.  C’est un autre  mensonge et il justifie alors les plans de relance qui contre toute vérité évidente n’auront aucun effet sur ce PIB.

Les mêmes, en particulier en France, gardent  complètement cadenassé  le marché du travail, empêchant  par leur comportement, soit inconscient soit volontaire, toute amélioration de l’emploi.  Sur le plan des déficits et ceci dans toute l’Europe, les mêmes avec le chiffre fétiche du PIB en bandoulière creusent  les déficits à une allure folle par leurs dépenses sans apporter aucun  remède valable alors que ces remèdes sont bien connus.

Si l’on admettait encore par pure gentillesse que ces comportements pourraient parvenir  par le détour de la prétendue relance à porter du fruit, le temps du détour serait si long que la hideuse  banqueroute aurait  le temps d’arriver.

Comment expliquer ces faits inimaginables ?

Probablement le projet bien avancé d’un Etat fédéral européen est l’explication centrale. Les gouvernants  ont carrément sauté le pas, à la fois pour leur propre intérêt et par suite aussi d’une erreur majeure d’analyse ; ils ont abandonné dans les faits et dans leur tête toute idée d’indépendance nationale.  Les hommes de l’État de tous les pays européens ayant pour la plupart abandonné cette idée de l’indépendance nationale, à force de se rencontrer et d’essayer d’agir ensemble, partagent les mêmes idées fausses et les mêmes mensonges.

Il est clair, depuis longtemps, qu’un pouvoir « Libérateur » est nécessaire en France et qu’il arrivera de toutes façons. La « Libération » sera aussi, pourquoi pas surtout, une route vers la vérité autant que vers la liberté.

Michel de Poncins, pour Tocqueville Magazine