Sous un arbre de tempêtes aux nuages touchant presque les branches du ciel, j'ai posé ma tête sur la pluie glacée et j'ai regardé tomber les feuilles du paradis, pieux de lumières donnant naissance à des pieuvres grises figées. Le vent est venu, apportant les éclairs et le sol s'est soudain réchauffé, des najas bleus et noirs sont sortis de derrière l'arbre et se sont enfuis. Tout s'est mis à trembler et un oeil s'ouvrit dans la pluie. Un énorme serpent de métal et d'enfer sortit de l'eau emportant entre ses écailles quelques morceaux de ma stupeur. Au milieu du bruit mécanique faisant trembler les nuages, le serpent d'une voix électronique fatiguée dit:
"Dans les entrailles de la terre illuminées par les feux cruels de l'hiver, j'ai grandi.
Aujourd'hui, je commande au ciel et à ma mère.
Mon regard s'est posé sur ce monde, ce monde est mien..."
C'est alors que les nuages vinrent s'écraser sur l'empereur autoproclamé qui dans un fracas vit son règne s'achever. Un morceau de sa cuirasse métallique vint se loger dans mon crâne et aujourd'hui encore chaque fois que je regarde les tempêtes, j'entends ce serpent qui hurle dans ma tête.